Les producteurs de Bahouan, Bahouoc et Bamendjo renforcent leurs capacités sur la conduite d’élevage des poulets locaux, avec pour objectif affirmé d’obtenir des revenus complémentaires.

Au Cameroun, l’aviculture joue un rôle très important dans la sécurité alimentaire et constitue une source de revenus substantiels pour les populations. Cette activité contribue aussi à la lutte contre le chômage et pour une part importante, au PIB du pays. Même si l’aviculture moderne qui promeut l’élevage des races améliorées est dominante en terme de cheptel, l’aviculture traditionnelle reste la forme la plus ancienne et la plus pratiquée quand on considère le nombre de personnes impliquées dans cette activité au Cameroun. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en milieu rural et en zone périurbaine, on trouve dans chaque concession des oiseaux de la basse cours appartenant aux femmes, aux hommes et aux enfants.

Bien plus, les poulets locaux, au-delà du fait d’être une source de revenu et de protéine, sont utilisés à d’autres fins, notamment lors des cérémonies et rites traditionnels qui absorbent 70 à 80% de la production (œufs, poussins et poules adultes). Leurs plumes sont également utilisées pour la décoration. 

De nombreuses pesanteurs

Cependant le développement de cet élevage fait face à de nombreuses pesanteurs qui entravent l’expression totale de son potentiel comme les maladies et le vol qui représentent plus de 30 % des pertes. De plus, l’organisation des acteurs de la filière est timide. Sur 10 poussins qui voient le jour en moyenne, 6 sont sevrés et 3 à 4 à peine atteignent l’âge adulte. Des situations de 100% de pertes ne sont pas rares.

Malgré le fait que cetélevage évolue encore au gré des aléas de la nature, il faut dire qu’il constitue non seulement un potentiel important pour l’alimentation mais aussi une activitégénératrice de revenus menée indifféremment par les hommes et femmes en milieu rural. De ce fait, il mérite d’être soutenu.

Dans le cadre de son Programme d’Auto-prise en Charge des populations, le CIPCRE met un accent particulier sur la promotion de l’élevage des poulets locaux dans l’objectif d’amener les producteurs à tirer profit de cette activité. C’est dans cette perspective que du 8 au 9, 10 au 11, et 23 au 24 août 2016 le CIPCRE a organisé 03 sessions de formation en techniques d’élevage des poulets locaux respectivement dans les villages Bahouan, Bahouoc et Bamendjo. Les producteurs ont rendu ces formations possibles en mettant à disposition la salle avec les chaises dans chaque village, en prenant en charge leur frais de transport, en contribuant à la restauration et en partageant leurs expériences quotidiennes. Pendant 6 jours, 116 producteurs (agriculteurs et éleveurs) des 3 villages pilotes dont 57 femmes ont renforcé leurs capacités sur la conduite de l’élevage des poulets locaux. Dans l’ensemble, ces formations ont constitué une opportunité pour les producteurs de ces trois villages pilotes d’améliorer leurs techniques de production.

Chaque session de formation s’est déroulée en deux phases : une phase théorique et une phase pratique. La phase théorique a porté sur les préalables de l’élevage des poulets locaux. Les différents modules qui ont meublé cette phase étant en lien avec le logement, l’alimentation, la reproduction, les maladies et la conduite d’un élevage des poulets locaux. Pendant la phase pratique, les participants ont appris à vacciner leurs sujets et se sont familiarisés avec les produits de suivi vétérinaire (vaccin, vermifuge, anti-stress, vitamines…). Environ 555 sujets dont 375 poules adultes et 180 poussins ont été déparasités et vaccinés pour prévenir contre la typhose aviaire, la maladie de Newcastle et le choléra qui sont les causes majeures de mortalité des poulets locaux.

Modèle de logement

Un accent particulier a été mis sur le logement pour résoudre les problèmes liés au vol, à la prédation, aux litiges dus à la divagation des animaux, aux maladies et à l’alimentation des poulets en milieux paysans. Un modèle de logement semi-moderne a été proposé aux producteurs. Ce modèle de logement où les animaux sont en même temps libres (divagation) et contrôlés (claustration) a été très apprécié par les participants.

Les participants des trois villages ont exprimé leur satisfaction et ont résolument décidé d’adopter le type de logement proposé, de s’organiser en groupes pour construire des logements individuels, de se mobiliser périodiquement en groupesdes ressources pour l’achat des produits vétérinaires et de faire régulièrement un suivi vétérinaire.

Un appui du CIPCRE en plantes fourragères à mettre dans les enclos sera apporté pour un meilleur épanouissement et un renforcement de l’alimentation des bêtes.

Au regard des résolutions prises par les participants il n’y a aucun doute que ces derniers adopteront dorénavant des pratiques visant à améliorer leur productivité et contribuer à l’augmentation de leurs revenus.