Les 16 et 30 juin 2017, le CIPCRE a réalisé dans les villages Bahouan et Baham deux sessions de formation sur la vannerie au profit des vanniers professionnels et autres producteurs. Cette formation visait le renforcement des capacités techniques des populations de ces localités en vue de l’amélioration de la qualité et de la compétitivité des produits de la vannerie et contribuer à la promotion de l’artisanat local.

Au Cameroun comme partout ailleurs en Afrique, l’artisanat et précisément la vannerie est une activité fortement ancrée dans la culture des populations depuis des générations. Il s’agit ici de l’art de produire ou de confectionner des objets utilitaires à partir des tiges ou fibres végétales. C’est un secteur qui, bien qu’encore précaire, garantit une haute intensité de main d’œuvre spécifique qui se recrute au sein des populations pauvres des zones rurales et urbaines.

Dans le département des Hauts-plateaux, la vannerie est une activité extra-agricole qui apporte des revenus complémentaires à une frange importante des producteurs, en majorité les femmes. Il n’est pas rare de voir les femmes pendant les réunions et rencontres diverses, au marché, le soir lors de la cuisson des repas,pendant les moments de repos et de distraction en famille ou même dans les rues du village occupées à tisser ou coudre les objets de vannerie. Les objets fabriqués sont de type divers, de gammes variées et les modèles sont pour la plupart de temps produits pour répondre aux besoins locaux et ceux des revendeurs qui arrivent périodiquement des grandes métropoles du pays. Ainsi sont produits entre autres des matériaux de construction (plafond, natte, contrevent…) des meubles (chaise, table, lit…) des équipements (paillasson, panier, natte…) des matériels de transport et de conditionnement (corbeille, sac, cageot …), des objets d’habillement et de décoration (paillasson, chapeau, …), des instruments de musique (castagnettes, griots, grelots…) et bien d’autre objets d’usage divers.Bien que générant aux producteurs des revenus non négligeables, beaucoup de préjugées défavorables pèsent encore sur la vannerie dans les communautés. Par ailleurs, de nombreux obstacles empêchent d’envisager aisément de meilleures perspectives pour cette activité, notamment :

            – Le vieillissement de la population des vanniers : 01 vannier sur 02 a plus de 50 ans et il n’est pas rare de rencontrer dans ce groupe des septuagénaires ;

            – Les vanniers n’ont aucun souci pour la modernisation de leurs productions reproduisant les mêmes gestes sans innover ;

– Les vanniers n’ont aucune maîtrise du circuit de commercialisation.En général, ils vendent leurs produits sur les marchés locaux aux premiers venus et à n’importe quel prix ;

            – les producteurs sont dispersés et se font concurrence sur le marché ;

La difficulté d’accès à la manière première qui devient rare et coûte cher.

Malgré l’existence des contraintes au développement de la vannerie qui sont ici relevées,des potentialités énormes restent à explorer aussi bien-sur le plan de l’expression du patrimoine culturel que de la promotion des savoir-faire spécifiques transmis de père en fils.La vannerie procure tant bien que mal des revenus aux producteurs, contribuant ainsi à leur auto-prise en charge et reste une activité à promouvoir.

            C’est dans cet optique que le CIPCRE a intégré pour le plan d’action triennal 2015-2017 une thématique sur l’accompagnement des artisans des villages pilotes dans les projets de vannerie.

Dans le cadre de la mise en œuvre de ce volet d’activités,le CIPCRE a réalisé les 16 et 30 juin 2017 respectivement dans les villages Bahouan et Baham, 02 sessions de formations sur la vannerie au profit des vanniers professionnels et autres producteurs. Ces formations dont l’objectif principal était le renforcement des capacités techniques des populations de ces localités sur la confection des objets à partir des fibres végétales ont été pour certains des opportunités d’améliorer leurs techniques et pour d’autres de diversifier leurs connaissances et savoir-faire.

Formations réalisées

Les formations ont été réalisées avec une forte implication des vanniers professionnels dans différentes spécialités exerçant les fonctions de formateurs endogènes. Ces derniers ont manifestement accepté de partager leur connaissance et leur savoir faire et d’accompagner les débutants pour l’acquisition des aptitudes techniques.

Pour faciliter la réalisation de ces formations, les formateurs endogènes ont apprêté les outils et le matériel pédagogique nécessaires pour la formation. Les producteurs de leur côté ont mis à disposition la matière première (bambou, paille, fibre, natte) nécessaire pour la formation et contribué pour leur restauration. Ils ont également pris en charge l’organisation logistique(salle, chaises) et leur frais de transport.

A l’issue des 02 sessions de formation, 52 personnes vanniers ou non dont 36 femmes parmi lesquels 07 jeunes enfants dont 02 filles des 02 villages pilotes ont acquis des connaissances, échangé leurs expériences quotidiennes et renforcé leurs capacités sur différentes spécialités de la vannerie,soit respectivement 20 dont 14 femmes à Bahouan et 32 dont 18femmes à Baham (y compris les jeunes). Dans chaque village la formation a duré une journée. Plusieurs atelier sont été organisés sur différentes spécialités à savoir: les ateliers cageot, tabouret, sac, chapeau, paillasson, panier, natte et contrevent qui sont des objets les plus sollicités d’après les producteurs et la participation à un atelier ou à un autre était au choix des bénéficiaires.Pendant une journée, les formateurs ont posé les bases pratiques des techniques de productions et les équipes définitives par spécialité se sont constituées. Étant donné que la mobilisation des producteurs pour plusieurs jours n’est pas toujours évidente, des dispositions ont été prises avec les formateurs endogènes pour l’encadrement des différents groupes de bénéficiaires à travers l’organisation d’autres séances de travail jusqu’à ce que chacun d’entre eux puisse être capable de réaliser l’un ou l’autre article. Dans le but de faciliter la poursuite de la formation,le CIPCRE a mis à la disposition des formateurs endogènes les petits matériels nécessaires pour la suite des formations.

Échange avec les bénéficiaires

Des échanges avec les bénéficiaires à la fin de la formation ont permis déposer les jalons pour une action durable. Ainsi, il sera question pour le CIPCRE d’accompagner les vanniers à 03 niveaux, à savoir : 

– Apporter un appui aux personnes formées pour l’acquisition de la matière première afin de leur permettre de continuer à s’exercer jusqu’à la maîtrise parfaite des techniques ;

– L’accompagnement des vanniers pour la mise en place d’une stratégie de promotion et de vente des produits de la vannerie ;

– L’accompagnement des vanniers dans l’achat groupé de la matière première.

C’est dans une ambiance de satisfaction générale que les participants aux différentes sessions se sont séparés. Pour beaucoup d’entre eux, c’était la toute première fois de voir une structure quelconque organiser des formations en vannerie. De plus, ces formation sont été l’occasion pour les vanniers professionnels de comprendre que l’intérêt de la vannerie réside dans la capacité d’innovation des vanniers à innover,à être créatif pour adapter les offres aux besoins ou susciter la consommation de leurs produits face à un marché concurrentiel et compétitif.

Au regard des avis des participants aux différentes sessions, cette formation va certainement ouvrir de nouvelles portes pour certains producteurs et constituer par la suite une activité génératrice de revenus complémentaires.