Programmes

Paix et Cohésion Sociale (PACOS)

Journée d’animation inter communautés de foi et inter générationnelle sur le vivre ensemble,
la non-violence et la cohabitation pacifique à l’école publique de Bamelo-Babadjou

1. Contexte général et justification de la mise en place du Programme

Les zones d’intervention du CIPCRE présentent une multiplicité de facteurs pouvant constituer des sources de conflits ou de menaces à la paix et à la cohésion sociale aussi bien en milieu scolaire qu’en communauté. Ces facteurs comprennent la fracture entre les jeunes générations et les adultes, la consommation d’alcool, de drogues et stupéfiants en milieu scolaire et en communauté, la prolifération des courants religieux (chrétiens catholiques et protestants, musulmans, adeptes des religions africaines et des églises dites réveillées, etc.), le radicalisme religieux, la cohabitation difficile entre les agriculteurs et les éleveurs des bovins et la crise sécuritaire dans le NOSO.
L’incompréhension entre les jeunes et les adultes est de plus en plus marquée au Cameroun. Les adultes mettent en place des stratégies dans le but de maintenir une société qui leur profite notamment maintenir à tout prix leur pouvoir de domination, ne pas donner la possibilité aux jeunes de s’exprimer etc… Les jeunes remettent en question les valeurs admises par les adultes, qu’ils considèrent comme conservatrices et qui limitent leurs capacités à mettre en valeur leur potentiel pour mieux réussir sur le plan personnel et sociétal. Cette incompréhension devenue réciproque conduit à un rejet mutuel et par conséquent à des conflits.

La violence en milieu scolaire est aggravée par la consommation des drogues, alcools et stupéfiants. En effet, de nombreux malfaiteurs utilisent les réseaux sociaux ou encore sillonnent les alentours des établissements scolaires dans l’optique de vendre de la drogue aux élèves ou de faire de certains élèves des agents commerciaux de ces produits. Avec la prolifération des points de vente de boissons alcoolisées aux alentours des établissements scolaires, les élèves y accèdent facilement. Ce comportement induit des conséquences aussi graves que les déperditions scolaires, les grossesses précoces, les agressions entre les élèves, les agressions envers les parents et les enseignants.
Limité à l’Ouest par le Nigéria et à l’Est par la Centrafrique, le Cameroun est victime de conflits militarisés à forte connotation religieuse. A ce contexte déjà complexe s’ajoute une prolifération des églises réveillées qui drainent de plus en plus de monde et entrent en concurrence avec les religions classique que sont les religions chrétiennes et musulmanes. Ceci n’est pas sans conséquence sur les phénomènes de violence observés ces derniers temps dans notre pays. Le potentiel conflictuel de ces différentes communautés de foi est énorme et si rien n’est fait, la cohésion sociale risque d’en pâtir.
Du côté des éleveurs de bovins et des agriculteurs dans notre zone d’intervention, la cohabitation n’est pas facile. L’accès à la terre pour l’élevage et l’agriculture fait l’objet d’une forte compétition entre ces groupes socioprofessionnels. La densité élevée de population (300 à 400 hbts/km2) rend la compétition pour cette ressource encore plus féroce. L’expansion des zones de pâturage par les éleveurs rend difficile la cohabitation avec les agriculteurs. En effet, du fait de la proximité des exploitations agricoles et de l’étroitesse des pâturages, les cultures sont souvent détruites pas les bœufs. Ce phénomène est davantage accentué pendant la période de transhumance dans la mesure où les pistes empruntées par les animaux sillonnent les plantations des cultures vivrières. C’est ainsi que dans les villages naissent souvent des tensions, des querelles et même des conflits entre agriculteurs et éleveurs.

Enfin, et comme pour davantage compliquer la cartographie des conflits, le problème « anglophone » continue d’agiter le paysage socio-politique du Cameroun. A la faveur des revendications corporatistes datant de 2016, portées en particulier par des enseignants et des avocats, ce problème s’est lentement transformé en revendications politiques visant le retour au fédéralisme et ensuite en un mouvement sécessionniste violent. Des scènes de désobéissance civile, on est passé à des enlèvements d’autorités administratives et expatriés et à des massacres. La réponse gouvernementale a été une militarisation de la zone anglophone et des mesures restrictives. Le bilan de la crise fait état de nombreuses pertes en vies humaines dont des centaines de membres des forces de l’ordre, de nombreuses victimes au sein des populations civiles et dans les rangs des sécessionnistes, et des centaines de milliers de déplacés dont des milliers résident dans nos zones d’intervention avec toutes les conséquences imaginables.

2. Vision du programme

Le PACOS rêve d’un Cameroun au sein duquel :
⦁ Toutes les confessions religieuses s’unissent pour promouvoir la Paix et favoriser le vivre ensemble ;
⦁ Toutes les communautés aussi minoritaires qu’elles soient, se sentent acceptées et vivent en parfaite harmonie avec les autres sur un même territoire.
⦁ Chaque membre de la communauté joue pleinement le rôle qui lui est dédié dans le souci de promouvoir la paix et d’éradiquer la violence en milieu scolaire.

3. Objectif général

Au vu des problèmes ci-dessus décrits, le CIPCRE à travers le PACOS s’est engagé dans le cadre du Plan d’Action Triennal 2021-2023, à accompagner les bénéficiaires de ses actions à s’engager pour le renforcement de la cohésion sociale à travers des initiatives de promotion de la paix, du vivre ensemble et de la résolution pacifique des conflits en collaboration avec les groupes interreligieux, les communautés éducatives et les associations communautaires.
4. Activités
Les principales activités du Programme sont les suivantes :
⦁ Promouvoir la non-violence en milieu scolaire ;
⦁ Renforcer le bien vivre-ensemble au sein des communautés par la coopération interreligieuse ;
⦁ Promouvoir la gestion pacifique des conflits agropastoraux au sein des communautés ;
⦁ Développer un mécanisme de gestion des plaintes et de prévention et prise en charge des violences basées sur le genre lié aux travaux routiers de Babadjou ;
⦁ Renforcer l’offre d’éducation inclusive et contribuer à la protection des enfants contre les violences et inégalités sociales.

5. Stratégies de mise en œuvre

La mise en œuvre des activités répond à une démarche intégrant à la fois les exigences de la stratégie Villages pilotes et la stratégie de mise en œuvre du MIRPAD. Elle comprend les points suivants :
⦁ Pour la promotion de la non-violence en milieu scolaire obéit aux étapes suivantes :
⦁ La mise sur pied des pools de compétence constitués d’élèves et des cellules de suivi constituées d’enseignants au sein des établissements partenaires ;
⦁ L’organisation des sessions de formation au profit des élèves membres des pools de compétences de vie courante (PCVC) sur les mécanismes de prévention et de réponse de la violence en milieu scolaire ;
⦁ L’organisation des sessions de formation au profit des élèves membres des pools de compétences de vie courante (PCVC) sur les stratégies de lutte contre le trafic et la consommation des drogues et stupéfiants en milieu scolaire ;
⦁ L’organisation des sessions de formation au profit des enseignants membres des cellules de suivi et d’encadrement (CSE) sur les techniques de promotion des compétences de vie courante chez les élèves ;
⦁ Le soutien des initiatives des membres des pools de compétence pour la non-violence et le bien vivre ensemble en milieu scolaire au profit des élèves ;
⦁ L’utilisation de l’outil théâtre comme moyen de sensibilisation et de dénonciation.

Par rapport au renforcement du bien vivre-ensemble au sein des communautés par la coopération interreligieuse :
⦁ Le lobbying auprès des leaders religieux (pasteurs, catéchistes, évangélistes, prêtres, imams, évêques, chefs traditionnels, responsables des mouvements de jeunes et de femmes dans les paroisses) tant aux niveaux local, régional que national en vue de les sensibiliser sur l’importance de la coopération et du dialogue interreligieux, obtenir leur adhésion, leur implication et leur soutien pour la mise en œuvre des actions du MIRPAD. Une telle démarche se fera également auprès des autres détenteurs d’enjeux que sont les autorités administratives (sous-préfets, préfets et gouverneurs), les forces de sécurité, les médias et les coordinateurs de réseaux et des Organisations de la société civile œuvrant dans le même domaine.
⦁ La restructuration et la redynamisation des Comités Inter religieux (CIR), les comités interreligieux (CIR) de Bafoussam, Foumbot et Foumban.
⦁ Le renforcement des capacités des membres des CIR sur les techniques de prévention et de gestion pacifique des conflits : Communication Non-violente (CNV), écoute active, médiation, etc.
⦁ Le renforcement de l’autonomisation des membres des 03 CIR et les membres de 2 Dynamiques à travers des appuis en AGR et leur capacitation en recherche de financements
⦁ L’organisation des campagnes du Mouvement Interreligieux pour la Paix et le Développement Holistique (MIRPADH) en collaboration avec les CIR et les DJPSC.
⦁ L’utilisation de l’outil théâtre comme moyen de sensibilisation en faveur de la paix
Pour ce qui est de la promotion de la gestion pacifique des conflits agropastoraux au sein des communautés :
⦁ L’organisation d’une étude sur les conflits entre agriculteurs et éleveurs ;
⦁ L’organisation des sessions de réflexion et de planification participative avec les communautés d’agriculteurs et d’éleveurs ciblées en vue d’identifier les mécanismes favorisant une meilleure gestion des terres et la réduction des conflits ;
⦁ L’organisation des sessions de renforcement des capacités des éleveurs de bovins et des agriculteurs sur les méthodes de gestion pacifique des conflits agropastoraux (Brachiaria; couloir de passage des bétails, puits, médiation, etc.)
⦁ La facilitation des rencontres de médiation entre les agriculteurs et les éleveurs en fonction des besoins ;
⦁ L’utilisation de l’outil théâtre comme moyen de sensibilisation en faveur de la paix ;
⦁ Le suivi et la capitalisation des activités réalisées.

6. Résultats attendus

⦁ Les élèves développent des compétences de vie courante pour faire face aux violences et deviennent des acteurs de promotion de la Paix en milieu scolaire et en communauté ;
⦁ Les enseignants sont capacités en techniques de promotion de la non-violence et s’engagent à encadrer leurs élèves ;
⦁ Les élèves des établissements scolaires partenaires du CIPCRE sont sensibilisés sur la lutte contre les drogues et stupéfiants ;
⦁ Les CIR et les dynamiques accompagnés par le CIPCRE jouissent d’une autonomie financière leur permettant de mener leurs activités de promotion du vivre ensemble ;
⦁ Un mémorandum sur la situation de la cohésion sociale au Cameroun est adopté et publié chaque année par les leaders religieux, politiques et traditionnels ;
⦁ Les éleveurs de bovins et les agriculteurs sont capacités sur les méthodes de gestion pacifique des conflits agropastoraux, vivent ensemble et s’entraident mutuellement.

7. Conditions de réussite

⦁ Une forte collaboration avec les autorités administratives, les leaders traditionnels et religieux.
⦁ L’implication des populations dans la mise en œuvre du projet et la valorisation des acquis par celles-ci.
⦁ La synergie réelle entre le PACOS et les autres programmes et cellules du CIPCRE notamment
⦁ l’accompagnement des victimes des violences par le PDHUPAC,
⦁ l’appui du PADHECOM pour l’autonomisation financière des CIR et Dynamiques, pour la valorisation des techniques favorisant la cohabitation pacifique (Couloirs de passage, Culture du brachiaria, création des points d’eau etc.)
⦁ L’Appui du 2CD pour la capitalisation et production des outils de communication qui valorise le travail effectué par le PACOS et les autres programmes.

8. Conditions de durabilité

⦁ La création des pools de compétence constitués de leaders d’élèves qui prennent continuellement des initiatives en vue de promouvoir la non-violence eu sein des établissements scolaires.
⦁ La valorisation des groupes déjà institués en milieu scolaire (Coopérative scolaire, gouvernement d’enfants, délégués de classe etc.) lors de la mise en œuvre des activités.
⦁ La collaboration avec les autorités étatiques, les leaders religieux et traditionnels pour faciliter l’adhésion des populations et la mise en application des décisions prises de commun accord.
⦁ Un suivi régulier des activités menées par les différents bénéficiaires.

9. Groupes Cibles

Les groupes cibles sont les bénéficiaires directs des actions qui seront menées au cours du PAT 2021-2023. Parmi eux, nous comptons des Agriculteurs, des Eleveurs, des Chefs Traditionnels, des Leaders religieux musulmans, protestants, catholiques, et de la religion traditionnelle, des membres des communautés de foi (Membres des Dynamiques protestantes et des Dynamiques Islamiques, Croyants musulmans, protestants, catholiques, des églises de réveil et des religions traditionnelles), des Elèves, des Enseignants, des Personnes relais, des Autorités administratives et des Organisations de la Société Civile.

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