Programmes

Droits humains et Démocratie (PDHD)

Contexte

Le Cameroun fait partie des pays africains dans lesquels les droits de la femme et de l’enfant sont les plus menacés et violés. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ces violations, notamment l’absence de la connaissance des droits proclamés, la persistance des coutumes rétrogrades et discriminatoires, l’insuffisance de la responsabilité parentale, la défaillance du dialogue familial et de l’éducation sexuelle des enfants, la prégnance de l’impunité du fait des tabous autour du sexe qui favorisent la non dénonciation des auteurs de violences, le système patriarcal propice aux discriminations de genre ; etc. Parce que l’ampleur de ces problème impose une intervention d’urgence, le CIPCRE a décidé de s’attaquer spécifiquement aux mauvaises pratiques de veuvage et aux diverses formes de violences envers les enfants.

Les mauvaises pratiques de veuvage

Les rites de veuvage, pour certains de leurs aspects, se sont transformés en de véritables lieux de torture, de brimade, de discrimination néfastes et d’extorsion pour les femmes :

⇔ Maltraitances physiques: marcher pieds nus; dormir à même le sol sur des feuilles de bananiers ; recevoir des coups de fouet ; s’abstenir de se laver, de changer de vêtements ou de faire sa toilette intime ; manger dans une même assiette qui ne doit pas être lavée pendant la période de veuvage ; se oindre avec l’avocat, le safou, la cendre ou la poudre de kaolin ; douche froide dans la rivière à 5 heures du matin; subir des rapports sexuels réels ou simulés avec un frère du défunt mari ; être attribuée comme épouse à un frère du défunt ou au successeur ; etc.

⇔ Les violences morales: se faire raser les parties intimes en public ou par d’autres personnes, parfois de sexe opposé ; le soupçon de culpabilité pour la mort de son mari ; déchirer ses habits pour laisser à découvert sa poitrine en signe de détresse; subir « le lavage » en public (à la rivière ou à la porcherie); uriner en public; simuler les rapports sexuels en public; les pleurs durant la nuit ; les menaces de mort, brimades et intimidations; astreinte à une longue période d’isolement, obligation de garder une apparence physique négligée, interdiction de tout rapport sexuel pendant plusieurs années ; etc.

⇔ Les violences sexospécifiques: Entre le veuvage de l’homme et celui de la femme, il ressort des différences notables défavorables à la femme : période de veuvage plus longue chez les femmes ; contraintes et privations plus accentuées chez les femmes ; rapport sexuel forcé pour la femme ; regard de la communauté plus rigide pour la femme et tolérant pour l’homme.

⇔ Les violences économiques: payer l’officiante à un taux exorbitant imposé par cette dernière ; prévoir des vivres et autres produits des champs pour les officiantes ; subir un jugement taxé ; organiser des festins coûteux pour la sortie de lavage ; abandonner tout le matériel utilisé pendant le veuvage à l’officiante ; être expulsée du domicile conjugal ou voir plusieurs biens arrachés par la belle famille, etc.

En plus de ces souffrances liées aux rites de veuvages, une étude de 2015 du Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille sur la Situation des Veuves au Cameroun relève que ces dernières font souvent face à de nombreuses difficultés parmi lesquelles le coût élevé des obsèques, les difficultés liées au manque de moyens financiers pour assumer les charges d’alimentation, de santé, de scolarité, d’habillement et d’habitat des enfants ; le non-respect des droits successoraux de la veuve et les longues formalités administratives pour certains droits comme la pension de veuve.

L’ampleur inquiétante des violences et discriminations sexistes envers les enfants

Pour ce qui concerne les discriminations sexistes envers les enfants, il est à noter que dans de nombreuses localités, les inégalités de genre continuent de consister un frein majeur pour la réalisation des droits des filles. Des familles continuent de privilégier l’éducation des enfants garçons à celle des enfants filles sur la base de l’idée selon laquelle la fille est faite pour le mariage et le ménage. Comme conséquences, les parents ne déclarent pas les naissances, surtout lorsqu’il s’agit des enfants filles. Un rapport du CIPCRE (2016) indique qu’en seulement un mois de recensement dans les arrondissements de Fundong et Foumbot, plus de 10 000 enfants sans acte de naissance ont été identifiés!

L’enquête par grappes à indicateurs multiples (2014) indique qu’au Cameroun, 36 % de filles sont mariées ou sont en union avant l’âge de 18 ans. Cette même enquête montre que 42,5 % de ces filles sont mariées ou sont en union avec des hommes qui sont de plus 10 ans leurs aînés. L’implication des discriminations sexistes sur la scolarisation des filles est tout aussi importante. Au Cameroun, les femmes sont moins alphabétisées (69 %) que les hommes (82 %). Aussi, 20 % des femmes sont sans niveau d’instruction contre 8 % des hommes (Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples, 2011).

S’agissant des violences envers les enfants, un rapport du CIPCRE (2018) indique qu’entre janvier 2015 et avril 2018, 809 cas de violences sexuelles ont été dénoncés parmi lesquels 714 cas ont pu être identifiés. Le traitement de ces cas identifiés révèle qu’ils concernent 687 filles et 27 garçons. L’analyse du profil de ces victimes montre que 61 enfants ont moins de 7 ans, 216 entre 8 et 14 ans et 437 entre 18 et 15 ans ; 35 parmi eux n’ont pas de niveau scolaire, 312 sont à l’école primaire et 367 au secondaire ; 236 ont contracté une grossesse à la suite de l’agression ; 298 victimes ont manifesté des pathologies graves à la suite des violences sexuelles subies. Quant au profil des abuseurs, le même rapport indique que 89 % des abuseurs sont des personnes connues des enfants dans lesquelles ils ont à priori confiance (membre de la famille ou proches : 21,8% ; voisins : 29, 7% ; autres personnes connues de l’enfant : 38,8% ; inconnus 10,8%).

Objectifs

Formulation

L’objectif spécifique dédié au PDHD est formulé comme suit : Dans les zones d’intervention du CIPCRE, les enfants, les jeunes et les femmes jouissent de leurs droits tout en exerçant leur devoir citoyen.

Indicateur

D’ici 2020, dans chacun des 6 villages pilotes, 60% des cas de veuvage identifiés se déroulent dans le respect des droits des veuves concernées.

Principales Activités

Dans le cadre du PAT 2018-2020, les activités principales suivantes seront réalisées:

Promouvoir au sein des associations culturelles et des communautés de foi, les droits des enfants à risque et des enfants victimes de discriminations sexistes et de violences sexuelles.
Contribuer à l’amélioration du statut socioculturel de 150 veuves.
Renforcer les capacités des Points focaux sur les thématiques relatives aux droits humains.
Développer des synergies avec les autres promoteurs des droits humains.

Au niveau des projets satellites, le CIPCRE mettra en œuvre le projet de Modélisation d’un système de protection de l’enfance dans 10 quartiers de Yaoundé 2 avec les principales activités suivantes:

Sensibiliser les membres des communautés, y compris les enfants de 10 quartiers de l’arrondissement de Yaoundé 2 sur la prévention des violences physiques et sexuelles envers les enfants et l’orientation vers les services de prise en charge ;
Sensibiliser les établissements scolaires de 10 quartiers de Yaoundé 2 sur la problématique des violences de genre en milieux scolaires ;
Prendre en charge sur le plan psychosocial 100 enfants victimes de violences ou négligence.

Stratégies

Les principales stratégies au niveau du PDHD sont les suivantes:

⇔ Le faire-faire : formation, accompagnement et autonomisation des personnes relais et associations de veuves ; préférence du travail avec les leaders de groupe;
⇔ La responsabilisation des groupes cibles : amener les parents sur la base de l’approche droits humains, à s’approprier la protection de leurs enfants (prévention familiale des violences, participation à la prise en charge) ; amener les veuves à s’auto défendre ;
⇔ La Participation : planifier et réaliser les activités en impliquant les groupes cibles ;
⇔ Valorisation des acquis : implémenter les codes de bonne conduite dans les établissements des VP, utiliser les documents existants (livrets, standards, etc.)
⇔ Scaling up : Collaboration avec les institutions publiques de protection des droits de la femme et de l’enfant (Services déconcentrés du MINAS et du MINPROFF)
⇔ Mise en œuvre de la stratégie VP : utilisation des personnes relais et PF, synergie avec les autres programmes
⇔ L’approche genre : rechercher l’amélioration des rapports hommes/femmes dans les zones d’intervention

Groupes Ciblés

Parents dans les associations culturelles et communautés de foi ;
Enfants à risque et enfants victimes de discriminations sexistes et violences sexuelles ;
Veuves et Officiantes des rites de veuvage ;
Personnes relais et membres des observatoires des rites de veuvage ;
Autorités administratives et traditionnelles ;
ONG et assimilées.

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