Programmes

DROITS HUMAINS ET PARTICIPATION CITOYENNE (PDHUPAC)

1. Contexte général et justification de la mise en place du Programme

Promotion des documents d’état civil (ici actes de mariage)

En 2015, UNICEF estimait que 13,42% de femmes étaient mises en mariage au Cameroun avant l’âge de 15 ans (30% pour les régions septentrionales) et que 20% d’adolescentes de 15-19 ans étaient mariées. Entre janvier 2015 et juin 2020, le CIPCRE a identifié 2 138 cas de violences sexuelles et discriminations sexistes envers les enfants, notamment les filles dans les 5 villages pilotes, les arrondissements de Yaoundé 2,5 et 6, Bafoussam1, 2 et 3, Foumbot, Koutaba, Foumban, Fundong et Bamenda 2. Pour ne rien arranger, l’impunité des auteurs de violations des droits de l’enfant est encore patente. Les cas qui sont portés auprès des instances judiciaires n’aboutissent pas toujours à des condamnations, ce qui amplifie les frustrations et le sentiment d’insécurité chez les victimes. Pour preuve, en 5 ans, seuls 56 cas sur 213 (soit 26,29 %) portés auprès de la justice ont donné lieu à des condamnations. C’est dire que dans les zones d’intervention du CIPCRE, de nombreux enfants ont besoin d’être protégés des graves violations de leurs droits.
Les actions menées par le CIPCRE ont permis de développer de bonnes pratiques et outils spécifiques de protection des enfants (code de bonne conduite, standards d’accompagnement des victimes, programme médiatique « Etre Parent Autrement », Comités de vigilance et personnes relais au sein des quartiers, coalition d’acteurs de protection de l’enfant, etc.) qui ont fait leurs preuves et qui méritent d’être redéployées et démultipliées dans les zones d’intervention où ces violences sont favorisées par les pratiques culturelles néfastes envers les filles et les femmes. Du fait que les interventions basées uniquement sur l’aspect légal ont montré leurs limites, il s’avère nécessaire de s’appuyer davantage sur les énergies protectrices dont regorgent les coutumes et les religions pour mieux protéger les enfants contre les violences à travers l’élaboration, l’adoption et l’application des normes coutumières favorables. Aussi, malgré les acquis en termes de prise en charge des enfants victimes, il n’y a pas encore une véritable coordination des acteurs impliqués. Par ailleurs, l’accompagnement offert est insuffisant et moins adapté aux besoins des victimes (négligence de l’aspect psychologique, non prise en compte des besoins nutritionnels, faible dispositif d’appui à l’autonomisation, etc.)
Malgré la ratification de nombreux traités internationaux sur l’égalité de genre et la mise en place d’un cadre réglementaire garantissant les droits fondamentaux, le Cameroun présente toujours un niveau élevé d’inégalité en défaveur des femmes, en raison de certaines coutumes traditionnelles. On note que seulement 86% des femmes ont accès à l’enseignement primaire contre 97% des hommes, tandis que 37% des femmes ont accès à l’enseignement secondaire contre 43% des hommes. Le taux d’alphabétisation des femmes est de 69% alors qu’il est de 81% pour les hommes (The Global Gender Gap Report 2015), mais il est particulièrement faible dans les zones rurales, Cette situation défavorable est à l’origine de multiples violences dont elles sont victimes notamment les rites de veuvage dégradants, l’exclusion de la propriété foncière, l’accès limité à l’emploi et au crédit, les sévices conjugaux, etc.
Les actions du CIPCRE en matière d’humanisation des rites de veuvage ont permis de restaurer les droits et la dignité des veuves lors de ces pratiques à travers la promotion des codes coutumiers des rites de veuvage. Entre janvier 2018 et juin 2020, 93% des veuves ayant pratiqué ces rites dans les villages pilotes témoignent que leurs droits ont été respectés grâce aux codes coutumiers. On note également qu’une telle démarche a permis de créer une conscience collective de la nécessité de promouvoir les droits humains dans les villages concernés surtout par les détenteurs d’enjeux clés (chefs, notables, officiantes, etc.). Malheureusement, même si la méthodologie du CIPCRE a montré son efficacité dans 15 villages, il n’en demeure pas moins que ce nombre est insignifiant par rapport au nombre élevé des villages que compte la région de l’Ouest. Il est donc nécessaire de déployer une stratégie de mise à l’échelle au niveau régional par la valorisation des expériences des communautés engagées dans une dynamique globale d’humanisation des rites de veuvage. Il est également utile, dans les nouvelles zones d’intervention, de promouvoir une éducation aux droits des femmes, notamment des veuves et d’accompagner ces dernières dans le processus d’amélioration de leurs conditions socioéconomiques.
Dans les zones du projet, la prégnance des normes socioculturelles néfastes ne favorise pas non plus la pleine participation de la femme et de l’enfant au développement de leurs communautés. En effet, dans un contexte marqué par la désaffection d’une grande partie de la population vis-à-vis de la politique, un déficit criard de la culture démocratique et la montée de la misère dans les couches défavorisées de la population, un certain fatalisme s’est installé, ôtant tout pouvoir de décision et de gestion à la femme et aux jeunes. Du coup, ces derniers se réfugient dans une attitude attentiste et se positionnent comme de simples observateurs de la scène publique pour qui et sans qui tout est décidé. Rien d’étonnant à ce que le taux de représentativité des femmes dans les instances de décision reste très faible : 08 femmes sur 63 ministres, 61 femmes sur 180 députés, 80 femmes sur 360 maires et 26 femmes sur 100 sénateurs. Les élus locaux et les autorités locales ne se sentent pas obligés de rendre compte de leur gestion aux administrés et par conséquent, les projets d’investissements publics, souvent mal gérés, ne prennent pas en compte les besoins spécifiques des femmes et des jeunes.
En milieu scolaire, le MINEDUB a instruit la mise en place de gouvernements d’enfants dans l’optique de promouvoir la culture de la démocratie, la gestion participative et le leadership personnel. Malgré cette décision louable, la grande majorité des établissements scolaires n’a pas institué ces espaces d’épanouissement des jeunes scolaires. L’une des conséquences de cette situation est la non prise en compte des préoccupations et/ou aspirations des enfants/jeunes dans les pratiques éducatives et la gestion des œuvres scolaires, voire l’explosion de la violence dans les établissements scolaires et surtout la difficulté de la maitriser.
Les actions du CIPCRE dans les établissements scolaires en faveur de la citoyenneté des élèves ont montré leur importance et doivent être transposées dans les communautés au profit des femmes et des jeunes en vue de soutenir un développement local intégral. Les secteurs sensibles comme la santé, l’éducation et l’emploi méritent une implication active de ces catégories de populations pour une gestion plus participative et optimale.
C’est dans ce contexte marqué par la persistance d’atteinte aux droits des femmes et des enfants et à leur faible participation citoyenne que le Programme Droits Humains et Participation Citoyenne (PDHUPAC) a été mis en place.

2. Objectifs

Les femmes, les jeunes et les enfants des zones d’intervention du CIPCRE, bénéficient d’un environnement communautaire protecteur de leurs droits et participent activement à la gestion des affaires de leurs localités.

3. Résultats attendus

⦁ Dans les zones du projet, au moins 1000 cas de violences envers les enfants sont dénoncés grâce aux initiatives citoyennes de ces derniers, des jeunes et des femmes, parmi lesquels 60% bénéficient d’une prise en charge adéquate
⦁ 40% des villages (20 sur 50) de 5 départements (Ndé, Mifi, Koung-khi, Hauts-plateaux, Bamboutos) de la région de l’Ouest s’approprient le code coutumier d’humanisation des rites de veuvage comme outil de protection des femmes contre les violences.

4. Principales Activités

⦁ Systématiser le processus d’humanisation des rites de veuvage par les codes coutumiers dans les 4 départements de la région de l’ouest ;
⦁  Renforcer le système communautaire de protection des enfants contre les violences ;
⦁  Promouvoir la participation citoyenne des enfants, des jeunes et des femmes pour une gouvernance locale plus inclusive ;
⦁ Promouvoir les droits économiques et sociaux des femmes par la sensibilisation et la mise en place des dispositifs endogènes y afférentes ;
⦁ Mobiliser la société civile pour un plaidoyer auprès des autorités locales et nationales en faveur des droits des groupes les plus vulnérables ;
⦁ Projet de promotion d’un environnement communautaire protecteur des enfants contre les violences sexuelles, culturelles et religieuses dans les régions de l’ouest et de l’Adamaoua (PECPEVI) ;
⦁  Renforcement du système de protection de l’enfant et promotion de compétences de vie courantes chez les jeunes et adolescents en milieu scolaire et extrascolaire de l’arrondissement de Yaoundé 2 (RESPEC – VIE 2) ;
⦁  Plaidoyer pour l’amélioration de l’accès aux services d’état civil ;

5. Stratégies de mise en œuvre

⦁ Le faire-faire : formation, accompagnement et autonomisation des personnes relais et associations de veuves ; préférence du travail avec les leaders de groupe;
⦁ La responsabilisation des groupes cibles : amener les parents sur la base de l’approche droits humains, à s’approprier la protection de leurs enfants (prévention familiale des violences, participation à la prise en charge) ; amener les veuves et les enfants à s’auto protéger ;
⦁ La participation : planifier et réaliser les activités en impliquant les groupes cibles ;
⦁ La valorisation des acquis : implémenter les codes de bonne conduite dans les établissements, utiliser les documents existants (livrets, standards, etc.), diffusion des bonnes pratiques ;
⦁ La stratégie VP : utilisation des personnes relais et PF, synergie avec les autres programmes ;
⦁ L’approche genre : rechercher l’amélioration des rapports hommes/femmes dans les zones d’intervention ;
⦁ L’accompagnement des victimes.

6. Groupes Cibles

⦁ Communautés éducatives et de foi
⦁ Leaders religieux, traditionnels et associatifs
⦁ Autorités administratives, politiques et judiciaires
⦁ Responsables des services déconcentrés de l’Etat
⦁ Acteurs de la chaine de protection des enfants
⦁ Officiantes/veuves
⦁ Enfants victimes ou à risque des violences
⦁ Observateurs/trices Communaux Indépendants de suivi du Budget d’Investissement Public (OCIS-BIP)
⦁ Organisations de la société civile
⦁ Mediaş

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