Dans le cadre du maintien de la paix et de la prévention des conflits entre agriculteurs et éleveurs dans ses zones d’intervention, le CIPCRE œuvre pour la promotion du vivre-ensemble et de la cohésion sociale entre les communautés locales. A travers un processus d’aménagement participatif des espaces d’abreuvement pour bétails et de points d’eau de ravitaillement pour les populations.

  Point d’eau à Mefoung (Galim) : un espace de conflit entre éleveurs et agriculteurs

 Contexte d’intervention

 Mefoung est un petit village de la commune de Galim dans les Bamboutos Ouest-Cameroun situé à une vingtaine de km de la ville Mbouda. Il fait partie des zones de pâturage encore qualifiée des zones à écologie fragile au regard du niveau de dégradation quasi irréversible par endroit des ressources naturelles notamment la végétation, les sols, les réserves en eau etc… Deux grandes communautés vivent ensemble dans cet espace à savoir les éleveurs de gros bétails et les agriculteurs.

 Ces dernières années, les effets liés aux changements climatiques sont visibles entre autres à travers la disparition progressive du pâturage naturel et donc du fourrage pour nourrir les bêtes. On constate par ailleurs dans ces espaces le phénomène de tarissement voire la disparition totale des cours d’eau et des rivières qui jadis servaient des points de ravitaillement des bœufs.  De la même manière, les populations riveraines utilisent ces mêmes points d’eau comme lieu d’approvisionnement en eau potable étant donné que nous sommes dans un environnement où les systèmes modernes d’adduction d’eau tant pour les hommes que pour le bétail sont inexistants.

 Justification de l’action

 La convergence des intérêts dans un même espace est source permanente de conflit. Ici, deux problèmes majeurs sont identifiés :

  • Manque de piste à bétails entre les pâturages et des points d’eau. En effet, dans leur mouvement d’ensemble vers les rivières, et sous l’action de leur charge corporelle, les bœufs endommagent les champs agricoles et par ricochet détruisent les cultures. Cette situation est d’autant plus intolérable pour les agriculteurs propriétaires de ces champs qu’elle est répétitive.
  • L’exploitation d’un même point d’eau par les populations et les bœufs entraine de sérieux problèmes dans la mesure où l’eau se trouve en permanence sale et à la limite impropre à la consommation humaine. La population riveraine étant majoritairement composée d’agriculteurs, déporte ces conflits dans le champ professionnel en s’opposant radicalement à l’accès des bœufs aux points d’eau. Les éleveurs de leur côté ne veulent rien entendre et restent campés sur leur position à savoir faire boire leurs animaux de gré ou de force.

C’est justement dans ce contexte de bras de fer entre agriculteurs et éleveurs de gros bétail que le CIPCRE intervient comme arbitre à l’effet de mettre ces deux communautés autour d’une table pour trouver une solution médiane afin de préserver la paix sociale dans la localité.

Point de ravitaillement en eau potable à aménager

Depuis plusieurs années, le CIPCRE œuvre de manière constante à la promotion du vivre-ensemble entre les communautés dans ses zones d’intervention. A Mefoung plus précisément,  trois rencontres d’échanges entre agriculteurs et la population riveraine et éleveurs de gros bétails ont été régulièrement organisés pour montrer le bien fondé de vivre ensemble et des intérêts réciproques qui existent entre les deux communautés : la première remonte au 11 novembre 2019 (prise de contact et de présentation du problème), a regroupé 45 personnes dont vingt et un (21) éleveurs) ; la deuxième s’est tenue le 24 février 2020 (identification des points d’eau conflictuels ainsi que les propositions sur les aménagements éventuels à apporter) et a concerné onze (11) personnes essentiellement leaders et chefs de familles dont 6 éleveurs) ; la troisième rencontre qui a eu lieu le 03 novembre 2020 a été consacrée au démarrage de la mise en œuvre des travaux d’aménagement. Douze (12) personnes dont 5 éleveurs, tous leaders et chefs de famille y ont pris part.

Ces échanges ont abouti, pour le cas de Mefoung, à l’aménagement participatif des espaces d’abreuvement à bétails d’une part et des points de ravitaillement en eau potable pour les populations d’autre part. Cette action consiste justement à séparer des points d’eau à usage pastoral aménagé en aval et celui de ravitaillement des ménages aménagé en amont. L’accompagnement du CIPCRE consiste à encourager et à impulser cet élan de solidarité au sein des communautés pour porter ensemble les projets de développement de leur localité.

Le travail devra se poursuivre sous les auspices d’un comité co-présidé par les chefs traditionnels des deux communautés et dont dépend la durabilité de l’action. En plus de l’appui apporté par le CIPCRE, le comité mobilisera les ressources locales disponibles et s’organisera pour assurer l’entretien des points d’eau déjà aménagés. Les activités de suivi permettront de recenser les points d’eau aménagés et leur impact sur la vie de  la population.