Des stratégies de pérennisation des observatoires des rites de veuvage ont été présentées et définies par les participants de l’atelier de partage d’expériences. Les échanges à cet effet ont aidé à la mise en œuvre d’une plateforme, à l’harmonisation des connaissances des outils de capitalisation et à l’amélioration des interventions de terrain.

Soixante-quatorze membres des observatoires des rites de veuvage de huit groupements de mise en œuvre du projet ont répondu à l’invitation du CIPCRE pour un partage d’expériences les 11 et 12 mai dernier à l’effet d’enrichir leurs connaissances sur les droits humains et les mécanismes de suivi, de mettre sur pied une plateforme d’échange entre eux, de développer des stratégies de pérennisation et d’amélioration de leur intervention, d’harmoniser leurs connaissances des outils de capitalisation pour une bonne appropriation. Ces observatoires avaient été pour la plupart installés lors des cérémonies de présentation des codes coutumiers et ont par la suite initié des actions dans leurs villages. Leurs interventions ont connu des succès mais aussi des difficultés qu’il convient de mettre sur la table pour en dégager les leçons pour des actions futures.

Valoriser les bonnes pratiques

Les deux jours de travaux ont contribué à renforcer les capacités des différents membres des observatoires selon une méthodologie bien définie. A ce jour, plusieurs veuves et veufs sont suivis lors du déroulement des rites de veuvage ; des associations de veuves ont vu le jour dans les différents villages et ont reçu des appuis, formations dans des domaines variés (fabrication du détergent, élevage du poulet, fumage du poisson, etc.). Au terme des échanges et au-delà de l’esprit conservateur de la tradition, il est à remarquer que les conflits de leadership, la peur de la culture, l’insuffisante maîtrise des droits de l’Homme sont des tares dans nos sociétés traditionnelles. Il n’en demeure pas moins vrai que les populations s’approprient peu à peu ces codes ou chartes et des améliorations sont en vue pour le respect de la dignité humaine. Les autorités traditionnelles accompagnent leur communauté dans la valorisation desdites bonnes pratiques et n’hésitent pas à sanctionner les manquements observés ou survenus.

Survivre au départ du CIPCRE

Cet atelier a permis aux participants de recevoir des outils de travail, de définir les stratégies idoines pour que leur action reste viable et soit relayée par les générations futures même en cas de départ du CIPCRE. Ils ont donc résolu de poursuivre l’application du code coutumier ; de poursuivre les sensibilisations, mobilisations des populations et rencontres des observatoires des rites de veuvage en y intégrant des tontines ; de travailler en synergie à travers la mise en place des réseaux par département et au plan local pour mieux s’approprier le partage d’expériences ; de former les jeunes qui prendront le relais dans les observatoires ; de faire intégrer les observatoires des rites de veuvage au sein des comités de développement ; de se faire accompagner pour le montage des projets socio-économiques ou des activités génératrices de revenu ; de créer des sous-comités au sein des observatoires des rites de veuvage dans les groupements … La mise en œuvre effective de ces stratégies avec l’accompagnement des autorités administratives et traditionnelles va amener les populations à travers l’observatoire des rites à contribuer à la lutte contre les violences faites aux femmes lors des rites de veuvage.