Le 03 mars 2022 s’est tenu dans la salle polyvalente du CIPCRE un atelier de restitution des résultats de l’étude sur l’impact nocif des intrants de synthèse sur la santé et l’environnement. Cet atelier a été un moment important de conscientisation, d’échanges et de partage d’expérience entre les acteurs sectoriels et du milieu rural.

 

Sous le co-parrainage des délégués régionaux du Ministère de la Protection de la Femme et de la Famille (MINPROF) et du Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED), et dans la mouvance de la célébration de la journée internationale de la femme édition 2022, le CIPCRE a organisé le 03 mars 2022, un atelier de restitution de l’étude sur l’impact des effets nocifs des intrants de synthèse sur la santé et l’environnement à Bafoussam dans son siège.

 Cette étude, menée dans le cadre du projet RIDECOP-2, a été réalisée par le Cabinet AGRITEK CONSULTING dans la région de l’Ouest Cameroun. La restitution qui a été facilitée par le Directeur national, M. Mathieu FOKA, a débuté aux environs de 10h 30 min et connu la participation de 22 personnes dont 12 femmes constituées des responsables des services déconcentrés de l’état, des représentants des organisations d’appui au développement rural, des distributeurs des intrants chimiques de synthèse et des consommateurs.

  

Dans son discours d’ouverture, le Directeur Général du CIPCRE, le Rev. Dr Jean Blaise KENMOGNE, a insisté sur la nécessité de préserver le jardin d’Eden qui nous a été confié, paraphrasant un verset biblique pour déboucher sur l’urgence à promouvoir l’agriculture biologique, gage d’un développement durable.

  

Les propos liminaires des parrains de cet évènement notamment le Délégué régional du MINPROFF et le Délégué régional du MINEPDED ont fait la lumière sur le contexte social de l’engagement et l’implication prédominante des femmes dans l’agriculture.

Pour le Délégué régional MINPROFF, ce sont les femmes qui tiennent à 70% le flambeau de la production agricole à l’Ouest du Cameroun. A ce titre, elles sont interpellées au premier plan, et doivent jouer un rôle très important dans la lutte contre l’utilisation abusive et non contrôlée des intrants de synthèse. Car elles sont les plus impliquées dans les activités agricoles, et donc sont à même d’implémenter des mesures de gestion rationnelles de l’usage des pesticides, et des pratiques agricoles durables pour la préservation du patrimoine foncier arable de la région.

Le Délégué régional MINEPDED quant à lui, a saisi l’opportunité offerte à cette occasion pour instruire les participants sur le cadre légal et institutionnel de la gestion et de la régulation des intrants chimiques de synthèse en lien avec la préservation de l’environnement. Cet exposé a permis aux acteurs du secteur agricole de revisiter la réglementation en vigueur dans le cadre de l’utilisation et de la gestion des engrais et des pesticides en rapport avec la protection de l’environnement.

  

Le plat de résistance de la rencontre a été la présentation des résultats de l’étude proprement dite par M. Guy POUOKAM, Consultant et Directeur d’AGRITEK Consulting, le cabinet qui a conduit cette étude dans 6 des 8 départements de la région de l’ouest. Il a apporté un éclairage factuel et chiffré, susceptible de provoquer un nouvel imaginaire au sein de l’opinion publique sur les dangers de l’utilisation des intrants agricoles de synthèse. L’étude a révélé par exemple que 75% des producteurs disent être satisfaits des performances techniques de ces pesticides et ne savent pas si leur fournisseur est agréé ou pas ; 25% de ces producteurs disent ne pas connaitre de pesticides biologiques et 58% disent ne pas connaitre les pratiques d’agriculture biologiques ; 82% connaissent les dangers et la toxicité des pesticides, mais préfèrent les utiliser quand même ; 41% avouent avoir déjà été exposés accidentellement  pendant la manipulation ou l’application d’un produit et 62% portent un équipement de protection incomplet. Les 11 formations sanitaires enquêtées, ont reçu, au courant de la seule année 2020, 38 patients suspectés d’être intoxiqués aux pesticides parmi lesquels 21 ont trouvé la mort.

 

Les participants à la rencontre ont apprécié à leur juste valeur les résultats de l’étude et les échanges qui s’en sont suivis. Les différentes analyses autour d’un brainstorming ont fait ressortir les facteurs incitant à l’utilisation des intrants chimiques dans le monde et au Cameroun en particulier : l’augmentation de la population et l’évolution des habitudes alimentaires ; l’augmentation de la demande d’aliments destinés à la consommation humaine ou animale, de fibre, de carburants, de combustibles et de matières premières ; la poursuite de l’intensification du système de production agroalimentaire ; l’action rapide des pesticides et des engrais qui offrent de nombreux avantages ; l’expansion du marché mondial des pesticides et des engrais ; l’évolution du commerce des produits de base agricoles ; les accords politiques et commerciaux de portée mondiale dont font l’objet les pesticides et les engrais et enfin la politique nationale du développement agricole.

 

Au terme de ces travaux de groupes, les pistes de solutions locales qui peuvent être envisagées pour réduire la dépendance des acteurs ruraux à l’utilisation des intrants chimiques de synthèse, sont articulés autour des points suivants : l’encouragement des modes de consommation sains et durables, l’homologation des engrais organiques et des biopesticides, la promotion du recours au financement direct pour encourager l’agriculture durable, l’impulsion de la recherche sur la production et la vulgarisation des produits organiques, le développement des chaines de valeurs agroécologiques.  

A l’issue de cet atelier, quelques résolutions ont été formulées par l’ensemble des participants, résolutions pouvant déboucher sur des actions fortes à porter auprès des décideurs et tous autres acteurs se recrutant dans le domaine de la promotion des pesticides de synthèse. On peut ainsi citer, entre autres :

  • Organiser un plaidoyer/lobbying auprès des décideurs pour la promotion de la production et de la consommation bio ;
  • Identifier des leviers à actionner pour inciter à la consommation bio ;
  • Promouvoir la mécanisation de la fabrication des intrants biologiques ;
  • Former massivement les producteurs aux techniques de fabrication des intrants biologiques ;
  • Dénoncer systématiquement les mauvaises pratiques de gestion des pesticides auprès du MINEPDED ;
  • Développer une grande communication en matière de production et de consommation bio ;
  • Impulser les recherches sur la production et la vulgarisation des intrants biologiques (instituts de recherche, universités, laboratoires…) ;
  • Imposer un quota d’importation aux produits de synthèse tout en interdisant ceux non homologués.

Les travaux ont été clôturés par les parrains de l’évènement qu’ont été les délégués régionaux du MINADER et du MINEPED aux environs de 16h 30 sur une note conviviale de félicitations pour la tenue de l’atelier. Ils se sont dits satisfaits des acquis engrangés par le CIPCRE sur les thématiques de l’agriculture organique et écologique. Le mot de fin du Directeur Général du CIPCRE a été dit par le Directeur National, qui a tenu à remercier tous les participants pour leur présence et surtout pour la participation très active à la bonne tenue des échanges.