Le Cercle International pour la Promotion de la Création (CIPCRE) a reçu les 11 et 12 novembre derniers une équipe de Pain pour le Monde pour le suivi des activités sur le terrain. Retour sur cette importante visite.

Dans le cadre du partenariat qui le lie à PPLM, le CIPCRE a reçu les 11 et 12 novembre 2016 une équipe de deux personnes, en l’occurrence Mme Uta Maria Bracken, Chef du Département Afrique et Cyr-Nestor Itoua-Ayessa, Chargé des Programmes pour le Cameroun pour le suivi des activités sur le terrain. Pendant deux pleines journées, ces hôtes ont d’abord suivi un atelier d’autoévaluation sur la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants, puis se sont rendus dans le village pilote, Bapa et à Foumbot et ont terminé leur séjour par une séance de feedback, d’analyse et de réflexions sur l’avenir au siège du CIPCRE. Pourquoi ne pas le dire, le CIPCRE s’est senti énormément honoré par cette visite de terrain qui était d’ailleurs la première du genre.

Atelier d’autoévaluation

L’équipe allemande a d’abord pris part à un atelier d’auto évaluation organisé par le PDHD. Il s’est agi au cours de cette rencontre, d’identifier les mécanismes locaux de protection des enfants avec les différents acteurs que sont les magistrats, les Forces de maintien de l’ordre et les Personnes relais, les chaines d’acteurs, les leaders parents, les leaders jeunes, les représentants des comités de vigilance et les leaders religieux ; de partager les expériences sur la mise en œuvre du projet sur le terrain, de faire ressortir les difficultés rencontrées ; d’imaginer des pistes pour faire face à ces difficultés et de prendre des résolutions pour mieux défendre les droits des enfants.

Descente sur Bapa

Quatre activités ont meublé le séjour de l’équipe à Bapa : la visite de courtoisie à Sa Majesté Simeu David, le Roi des Bapa, la visite des activités du Contrat Vert, la rencontre du Point Focal et la visite des parcelles de certaines Personnes relais.

Au cours de la visite de courtoisie au Roi de Bapa, les échanges ont porté sur les différents projets menés dans le village et sur l’appréciation qu’il porte sur la qualité, les effets et les impacts des activités du CIPCRE. Le Roi David SIMEU n’est pas passé par quatre chemins pour manifester sa vive reconnaissance à PPLM à travers le CIPCRE pour tout le travail abattu à Bapa. Il a reconnu avoir vu personnellement un changement de mentalité dans son village pour ce qui concerne la pratique des rites de veuvage. Même s’il y a encore beaucoup à faire, il a affirmé que les populations ont, depuis que le CIPCRE intervient à Bapa, un peu plus à manger que par le passé, et qu’elles consomment de plus en plus des produits biologiques. Il a beaucoup insisté sur les actions prioritaires à mettre en œuvre pour une réelle autonomisation des paysans, rejoignant ainsi la préoccupation de PPLM et du CIPCRE, de faire du transfert des compétences aux personnes relais, le principal socle pour l’auto prise en charge des populations de Bapa dans les domaines traités avec le CIPCRE. Sa Majesté a suggéré au CIPCRE d’orienter son travail à Bapa vers une recherche-action afin de déceler une spéculation qu’on pourrait la béliser Bapa.

Après la rencontre à la chefferie, l’équipe conjointe PPLM-CIPCRE s’est déportée au Lycée de la localité où elle a visité les espaces verts mis en place à la fois pour lutter contre l’érosion et offrir des lieux de détente aux élèves et visiteurs. Ces espaces, ont expliqué les responsables du Lycée, ont été créés sous la supervision et avec le financement du CIPCRE.

Toute l’équipe s’est ensuite rendue dans le grand hall du marché où l’attendaient outre tous les membres du Point Focal, d’autres partenaires du CIPCRE dans le village. L’occasion a été ainsi donnée aux Personnes relais d’échanger avec leurs hôtes sur la nature de leur travail, les effets de leurs activités, leurs difficultés et les moyens qu’ils entendent mettre en œuvre pour les résorber. Pendant deux heures de temps l’équipe allemande a suivi avec beaucoup d’attention les interventions sur chaque thématique en général et les témoignages donnés sur les changements induits dans leurs vies suite aux différents projets en particulier.

Pour clore le séjour à Bapa, l’équipe a visité des parcelles agricoles et particulièrement de macabo, des ruches et un jardin de plantes médicinales. Dans chaque site, le scénario était le même : le /la paysan(ne) prenait la parole pour présenter son activité, puis des questions lui étaient posées auxquelles il /elle répondait, à la grande satisfaction des visiteurs. La démonstration de la fabrication et de l’utilisation des pesticides naturels a été l’un des sommets de cette visite réussi dans le village.

L’étape de Foumbot

L’équipe a bouclé sa visite par Foumbot à une trentaine de kilomètres de Bafoussam et précisément au Centre Social Islamique pour la Promotion de le Femme à Koundoumbain. Là, Nestor et Uta ont assisté à une causerie éducative sur la tolérance et la coopération interreligieuse, et à trois interventions respectivement de l’iman Mohamed, du notable TEMEUKAM KOUAM Jean et de l’abbé Jean Claude MBASSI en présence d’une foule de musulmans et de chrétiens. Après les débats autour de la coopération interreligieuse, ils ont exprimé leur satisfaction et n’ont pas hésité d’affirmer qu’en matière de coopération interreligieuse, l’Allemagne autant que l’Occident devraient apprendre du Cameroun. Ils se sont ensuite entretenus avec les enfants victimes de discriminations sexistes et d’abus sexuels. La visite s’est achevée par un entretien avec les filles victimes d’abus sexuels en cours d’insertion sociale ; à ce niveau, il s’est agi pour PPLM d’apprécier les mécanismes mis en œuvre par le CIPCRE pour réhabiliter ces nombreux enfants traumatisés et dépourvus de leurs droits. Ils n’ont pas manqué d’encourager ces dernières à garder la mentalité de vainqueurs et d’affronter de nouveau la vie tête haute avec les appuis dont elles bénéficient du CIPCRE.

Feedback

L’équipe a terminé son séjour au siège en donnant le feedback au personnel, animateurs et staff administratif confondus. Pendant près de 2 bonnes heures, l’équipe a fait part de ses observations sur les activités. C’est ainsi qu’elle s’est demandée pourquoi le CIPCRE n’encourage pas la culture des plantes médicinales locales et s’est interrogée sur l’approche du CIPCRE en matière de culture biologique. A toutes ces questions et à bien d’autres, les animateurs concernés ont apporté des réponses idoines. En matière de culture biologique par exemple, les animateurs ont souligné que l’approche du CIPCRE comporte trois aspects fondamentaux : écologique, social et économique. Il s’agit donc d’une approche agro-écologique qui tolère que l’on apporte un peu d’urée pour corriger certaines défaillances constatées au niveau du sol. Pour le reste, l’équipe allemande a adressé ses encouragements à tout le personnel et lui a demandé de travailler davantage pour l’accomplissement de la mission du CIPCRE.