Depuis janvier 2021, le Cercle International pour la Promotion de la Création (CIPCRE) a mis en place, dans le cadre du projet Renforcement des Initiatives de Développement durable et de Construction de la Paix (RIDECOP, phase II), trois Programmes : le PADEHCOM, le PACOS et le PDHUPAC. Présentation.

I. Programme Agriculture Durable, Entreprenariat
et Hygiène Communautaire (PADEHCOM)

Greffage d’un plant d’avocatier

1. Contexte général et justification de la mise en place du programme
Le Programme Agriculture Durable, Entreprenariat et Hygiène Communautaire (PADEHCOM) est l’un des programmes opérationnels du RIDECOP-2 (2021–2023). En continuité avec RIDECOP-1 (2018–2020), il s’inscrit dans un contexte marqué par la baisse de fertilité qui est la résultante d’une combinaison d’actions notamment le lessivage des sols par les eaux de ruissellement, la coupe incontrôlée de bois, le surpâturage, les feux de brousse et l’utilisation abusive des engrais et pesticides de synthèse. La généralisation de l’utilisation des herbicides lors des secondes campagnes agricoles (juillet–septembre) pour la culture du haricot reste très préoccupante. Même si dans les villages pilotes, on note un abandon progressif des intrants de synthèse, le problème reste entier dans les nouvelles zones d’intervention où il est urgent de promouvoir les bonnes pratiques agricoles connues. En effet, dans ces zones, l’herbicide systémique, en l’occurrence le glyphosate vulgairement appelé « cassetout », est particulièrement indexé. L’une des conséquences, au-delà de la destruction de la vie du sol, est la rareté et même la disparition à certains endroits, des racines et tubercules (macabo, taro, certaines variétés d’ignames, etc.), denrées pourtant très prisées par la population. L’élevage du petit bétail est très répandu, mais reste confronté aux épizooties et aux difficultés de maîtrise de sédentarisation des bêtes en élevage notamment le gros bétail.

Dans les zones d’intervention, l’approvisionnement en eau, la gestion de l’hygiène et de l’assainissement demeurent un problème sérieux, aggravé par la crise sanitaire actuelle. Pour ce qui est de l’approvisionnement en eau, les populations, que ce soit en communauté ou dans les établissements scolaires n’ont pas toujours accès aux sources d’eau fiables. Même quand cela est le cas, la source d’eau couramment utilisée n’est pas aménagée et l’eau en question n’est pas traitée en raison d’une méconnaissance des techniques de potabilisation adaptées à l’environnement.

La recrudescence des effets liés aux changements climatiques continue à se faire ressentir dans plusieurs domaines. Le régime des pluies a subi un changement remarquable. Conséquence, on a assisté, ces dernières années, à des éboulements qui ont conduit aux pertes en vies humaines, dont le plus célèbre reste la catastrophe de GOUACHIE à Bafoussam.

Le déficit critique en matière d’entrepreneuriat notamment jeune et féminin est préoccupant. L’une des clés pour résoudre le problème de chômage et de pauvreté reste et demeure l’entrepreneuriat jeune, surtout qu’au Cameroun, les jeunes âgés de 15 à 35 ans représentent plus du tiers de la population et sont trois fois plus atteints par le chômage que les autres catégories de la population. Selon le Bureau international du travail (BIT), le taux de chômage se situe légèrement au-dessus de 13%, mais l’Institut National de la Statistique (INS) précise que 75% des jeunes âgés entre 17 et 40 ans sont à la recherche d’un emploi.

La résolution de ces problèmes nécessite un diagnostic systémique et une intervention holistique qui prend en compte l’être dans sa globalité. C’est ainsi qu’au-delà des actions spécifiques qui seront menées en direction des initiatives de production, un travail intense sera conduit pour la mise en place des éco – entreprises. Cette démarche innovante au sein de ce nouveau programme vise à permettre aux bénéficiaires d’optimiser leur profit dans la valorisation des chaines de valeur de leurs produits à travers des structures formelles et légalement reconnues. Enfin, le contexte Covid aidant, un regard attentif sera fixé sur les questions d’hygiène et salubrité aussi bien dans les écoles que dans les communautés afin d’y apporter, dans un esprit participatif, des solutions idoines.

2. Vision globale du Programme
Le PADEHCOM rêve d’un monde rural où les populations (hommes, femmes et jeunes) prennent des initiatives en vue de s’auto employer, d’améliorer la qualité et la quantité de leur production afin de se prendre en charge, de préserver leur environnement, leur santé et celle des consommateurs.

 

3. Résultats attendus
⦁ L’agro écologie et l’agriculture biologique sont promues auprès des agriculteurs et les éleveurs ;
⦁ La pratique de l’agriculture biologique est initiée au profit des élèves à travers la mise en place des jardins biologiques comme supports pédagogiques au sein de 10 établissements scolaires des 5 villages pilotes ;
⦁ Les pratiques d’hygiène et d’assainissement sont promues au sein des établissements scolaires et en communauté ;
⦁ L’éco-entreprenariat est promu dans la perspective de soutenir les mesures d’adaptation et d’atténuation des effets liés aux changements climatiques.

4. Principales actions
⦁ Organisation avec les PR des rencontres de prise de contact et de présentation des activités planifiées dans le PAT ;
⦁ Organisation avec les PR des rencontres de sensibilisation des producteurs sur les concepts relatifs au développement durable (agro écologie, agriculture biologique, changements climatiques, agro foresterie, techniques innovantes en élevage, apiculture…) ;
⦁ Mise en place de 2 espaces expérimentaux d’exploitation agropastorale intégrée (3EAI) ;
⦁ Création de 5 parcelles témoins qui seront utilisées comme supports pédagogiques dans 5 villages ;
⦁ Organisation avec les PR des ateliers de planification participative avec les bénéficiaires sur la mise en œuvre des activités de production des différentes spéculations promues ;
⦁ Organisation avec les PR des sessions de formation en vue du renforcement des capacités techniques des producteurs sur la pratique de la production des différentes spéculations ;
⦁ Appui matériel aux producteurs formés pour la production des spéculations promues ;
⦁ Organisation des activités de suivi évaluation participatif avec l’appui des personnes relais ;
⦁ Appui à la structuration des producteurs pour l’amélioration qualitative et quantitative des produits marchants ; 
⦁ Renforcement des capacités techniques des PR ;

5. Stratégies de mise en œuvre  
⦁ Identification et formation des PR sur les différentes thématiques promues ;
⦁ Identification des 2 espaces expérimentaux d’exploitation agropastorale intégrée (3EAI) ;
⦁ Identification et négociation des 5 parcelles témoin ;
⦁ Organisation avec les PR des ateliers de planification participative des activités avec les bénéficiaires ;
⦁ Mise en œuvre des activités planifiées en collaboration avec les PR (préparation pédagogique, préparation matérielle et logistique, animation des sessions, élaboration des rapports) ;
⦁ Appuis aux producteurs pour la mise en place des unités de démonstrations dans le cadre des différentes thématiques ;
⦁ Accompagnement des PR pour la duplication des activités des différentes thématiques dans leurs zones de compétence respectives ;
⦁ Réalisation avec les PR du suivi/évaluation des activités réalisées et capitalisation des données ;
⦁ Focalisation sur la parité Homme/Femme et la représentativité des jeunes à chaque étape de la mise en œuvre de toutes les activités.
⦁ Renforcement de l’éthique des liens, notamment lien autrui et avec l’environnement.

6. Groupe cible 
Le Groupe cible est constitué des agriculteurs et les éleveurs en individuel ou en Groupes d’Initiative communes, associations résidant dans les villages pilotes.
7. Conditions de réussite
⦁ Certaines actions seront menées avec les PR, ce qui permettra un renforcement continu des capacités et des activités de ces derniers ;
⦁ Des appuis seront apportés aux PR pour la mise en œuvre de leurs initiatives au bénéfice de la population ;
⦁ La contribution des bénéficiaires aux coûts des activités sera requise pour qu’ils puissent comprendre l’intérêt de le faire à l’avenir pour faciliter les services des PR ;
⦁ Les PR seront accompagnés au plan technique dans la réalisation des activités programmées
⦁ La mise en place des espaces expérimentaux et des parcelles témoin traduiront la volonté non seulement de pérennisation des acquis, mais aussi de vulgarisation des bonnes pratiques.

En interne, la réussite de nos interventions dépend aussi du travail en synergie avec les autres programmes et cellules :
⦁ Avec la CESATT : réalisation d’un diagnostic communautaire et des travaux de recherche sont prévus pour toutes les thématiques.
⦁ Avec le PECOS : le travail avec les agriculteurs et éleveurs demande une approche particulière notamment s’agissant le vivre ensemble. Le PECOS sera utile pour la consolidation de la paix entre les différents groupes socioprofessionnels, conditions pour la réussite des activités agropastorales dans les zones de cohabitation pacifique.
⦁ Avec le 2 CD : Travail en collaboration pour la production des outils de communication divers et adaptés pour nos activités.
⦁ Avec le PDHUPAC : collaboration dans le cadre de la mise à disposition des producteurs potentiels notamment des veuves et officiants pour leur accompagnement par les AGR.

8. Conditions de durabilité
⦁ Les compétences des personnes relais seront valorisées dans la mise en œuvre des activités du Programme dans les villages pilotes et dans d’autres localités. Pour ce faire, un renforcement continu de leurs capacités sera nécessaire.
⦁ Le développement de la chaine de valeur dans le processus de production permettra aux producteurs de mieux valoriser leurs produits ;
⦁ La mise en place de la plateforme de commercialisation producteurs – transformateurs et acheteurs sera renforcée et permettra aux producteurs et toute la chaine de tirer des revenus substantiels de leurs activités pour améliorer leurs conditions et cadre de vie et vivre décemment.

Pour avoir un plus grand impact des activités du Programme, des actions de plaidoyer sur des thèmes précis seront menées en direction des services déconcentrés de l’Etat, les collectivités territoriales décentralisées (CTD), les autres décideurs ou acteurs de développement et organismes d’appui en vue de la diffusion des bonnes pratiques promues par le CIPCRE auprès d’un public plus large.

II. Programme Paix et Cohésion Sociale (PACOS)

 

Journée d’animation inter communautés de foi et inter générationnelle sur le vivre ensemble,
la non-violence et la cohabitation pacifique à l’école publique de Bamelo-Babadjou

1. Contexte général et justification de la mise en place du Programme
Les zones d’intervention du CIPCRE présentent une multiplicité de facteurs pouvant constituer des sources de conflits ou de menaces à la paix et à la cohésion sociale aussi bien en milieu scolaire qu’en communauté. Ces facteurs comprennent la fracture entre les jeunes générations et les adultes, la consommation d’alcool, de drogues et stupéfiants en milieu scolaire et en communauté, la prolifération des courants religieux (chrétiens catholiques et protestants, musulmans, adeptes des religions africaines et des églises dites réveillées, etc.), le radicalisme religieux, la cohabitation difficile entre les agriculteurs et les éleveurs des bovins et la crise sécuritaire dans le NOSO.
L’incompréhension entre les jeunes et les adultes est de plus en plus marquée au Cameroun. Les adultes mettent en place des stratégies dans le but de maintenir une société qui leur profite notamment maintenir à tout prix leur pouvoir de domination, ne pas donner la possibilité aux jeunes de s’exprimer etc… Les jeunes remettent en question les valeurs admises par les adultes, qu’ils considèrent comme conservatrices et qui limitent leurs capacités à mettre en valeur leur potentiel pour mieux réussir sur le plan personnel et sociétal. Cette incompréhension devenue réciproque conduit à un rejet mutuel et par conséquent à des conflits.

La violence en milieu scolaire est aggravée par la consommation des drogues, alcools et stupéfiants. En effet, de nombreux malfaiteurs utilisent les réseaux sociaux ou encore sillonnent les alentours des établissements scolaires dans l’optique de vendre de la drogue aux élèves ou de faire de certains élèves des agents commerciaux de ces produits. Avec la prolifération des points de vente de boissons alcoolisées aux alentours des établissements scolaires, les élèves y accèdent facilement. Ce comportement induit des conséquences aussi graves que les déperditions scolaires, les grossesses précoces, les agressions entre les élèves, les agressions envers les parents et les enseignants.
Limité à l’Ouest par le Nigéria et à l’Est par la Centrafrique, le Cameroun est victime de conflits militarisés à forte connotation religieuse. A ce contexte déjà complexe s’ajoute une prolifération des églises réveillées qui drainent de plus en plus de monde et entrent en concurrence avec les religions classique que sont les religions chrétiennes et musulmanes. Ceci n’est pas sans conséquence sur les phénomènes de violence observés ces derniers temps dans notre pays. Le potentiel conflictuel de ces différentes communautés de foi est énorme et si rien n’est fait, la cohésion sociale risque d’en pâtir.
Du côté des éleveurs de bovins et des agriculteurs dans notre zone d’intervention, la cohabitation n’est pas facile. L’accès à la terre pour l’élevage et l’agriculture fait l’objet d’une forte compétition entre ces groupes socioprofessionnels. La densité élevée de population (300 à 400 hbts/km2) rend la compétition pour cette ressource encore plus féroce. L’expansion des zones de pâturage par les éleveurs rend difficile la cohabitation avec les agriculteurs. En effet, du fait de la proximité des exploitations agricoles et de l’étroitesse des pâturages, les cultures sont souvent détruites pas les bœufs. Ce phénomène est davantage accentué pendant la période de transhumance dans la mesure où les pistes empruntées par les animaux sillonnent les plantations des cultures vivrières. C’est ainsi que dans les villages naissent souvent des tensions, des querelles et même des conflits entre agriculteurs et éleveurs.

Enfin, et comme pour davantage compliquer la cartographie des conflits, le problème « anglophone » continue d’agiter le paysage socio-politique du Cameroun. A la faveur des revendications corporatistes datant de 2016, portées en particulier par des enseignants et des avocats, ce problème s’est lentement transformé en revendications politiques visant le retour au fédéralisme et ensuite en un mouvement sécessionniste violent. Des scènes de désobéissance civile, on est passé à des enlèvements d’autorités administratives et expatriés et à des massacres. La réponse gouvernementale a été une militarisation de la zone anglophone et des mesures restrictives. Le bilan de la crise fait état de nombreuses pertes en vies humaines dont des centaines de membres des forces de l’ordre, de nombreuses victimes au sein des populations civiles et dans les rangs des sécessionnistes, et des centaines de milliers de déplacés dont des milliers résident dans nos zones d’intervention avec toutes les conséquences imaginables.
2. Vision du programme
Le PACOS rêve d’un Cameroun au sein duquel :
⦁ Toutes les confessions religieuses s’unissent pour promouvoir la Paix et favoriser le vivre ensemble ;
⦁ Toutes les communautés aussi minoritaires qu’elles soient, se sentent acceptées et vivent en parfaite harmonie avec les autres sur un même territoire.
⦁ Chaque membre de la communauté joue pleinement le rôle qui lui est dédié dans le souci de promouvoir la paix et d’éradiquer la violence en milieu scolaire.

3. Objectif général

Au vu des problèmes ci-dessus décrits, le CIPCRE à travers le PACOS s’est engagé dans le cadre du Plan d’Action Triennal 2021-2023, à accompagner les bénéficiaires de ses actions à s’engager pour le renforcement de la cohésion sociale à travers des initiatives de promotion de la paix, du vivre ensemble et de la résolution pacifique des conflits en collaboration avec les groupes interreligieux, les communautés éducatives et les associations communautaires.
4. Activités
Les principales activités du Programme sont les suivantes :
⦁ Promouvoir la non-violence en milieu scolaire ;
⦁ Renforcer le bien vivre-ensemble au sein des communautés par la coopération interreligieuse ;
⦁ Promouvoir la gestion pacifique des conflits agropastoraux au sein des communautés ;
⦁ Développer un mécanisme de gestion des plaintes et de prévention et prise en charge des violences basées sur le genre lié aux travaux routiers de Babadjou ;
⦁ Renforcer l’offre d’éducation inclusive et contribuer à la protection des enfants contre les violences et inégalités sociales.

5. Stratégies de mise en œuvre
La mise en œuvre des activités répond à une démarche intégrant à la fois les exigences de la stratégie Villages pilotes et la stratégie de mise en œuvre du MIRPAD. Elle comprend les points suivants :
⦁ Pour la promotion de la non-violence en milieu scolaire obéit aux étapes suivantes :
⦁ La mise sur pied des pools de compétence constitués d’élèves et des cellules de suivi constituées d’enseignants au sein des établissements partenaires ;
⦁ L’organisation des sessions de formation au profit des élèves membres des pools de compétences de vie courante (PCVC) sur les mécanismes de prévention et de réponse de la violence en milieu scolaire ;
⦁ L’organisation des sessions de formation au profit des élèves membres des pools de compétences de vie courante (PCVC) sur les stratégies de lutte contre le trafic et la consommation des drogues et stupéfiants en milieu scolaire ;
⦁ L’organisation des sessions de formation au profit des enseignants membres des cellules de suivi et d’encadrement (CSE) sur les techniques de promotion des compétences de vie courante chez les élèves ;
⦁ Le soutien des initiatives des membres des pools de compétence pour la non-violence et le bien vivre ensemble en milieu scolaire au profit des élèves ;
⦁ L’utilisation de l’outil théâtre comme moyen de sensibilisation et de dénonciation.

Par rapport au renforcement du bien vivre-ensemble au sein des communautés par la coopération interreligieuse :
⦁ Le lobbying auprès des leaders religieux (pasteurs, catéchistes, évangélistes, prêtres, imams, évêques, chefs traditionnels, responsables des mouvements de jeunes et de femmes dans les paroisses) tant aux niveaux local, régional que national en vue de les sensibiliser sur l’importance de la coopération et du dialogue interreligieux, obtenir leur adhésion, leur implication et leur soutien pour la mise en œuvre des actions du MIRPAD. Une telle démarche se fera également auprès des autres détenteurs d’enjeux que sont les autorités administratives (sous-préfets, préfets et gouverneurs), les forces de sécurité, les médias et les coordinateurs de réseaux et des Organisations de la société civile œuvrant dans le même domaine.
⦁ La restructuration et la redynamisation des Comités Inter religieux (CIR), les comités interreligieux (CIR) de Bafoussam, Foumbot et Foumban.
⦁ Le renforcement des capacités des membres des CIR sur les techniques de prévention et de gestion pacifique des conflits : Communication Non-violente (CNV), écoute active, médiation, etc.
⦁ Le renforcement de l’autonomisation des membres des 03 CIR et les membres de 2 Dynamiques à travers des appuis en AGR et leur capacitation en recherche de financements
⦁ L’organisation des campagnes du Mouvement Interreligieux pour la Paix et le Développement Holistique (MIRPADH) en collaboration avec les CIR et les DJPSC.
⦁ L’utilisation de l’outil théâtre comme moyen de sensibilisation en faveur de la paix
Pour ce qui est de la promotion de la gestion pacifique des conflits agropastoraux au sein des communautés :
⦁ L’organisation d’une étude sur les conflits entre agriculteurs et éleveurs ;
⦁ L’organisation des sessions de réflexion et de planification participative avec les communautés d’agriculteurs et d’éleveurs ciblées en vue d’identifier les mécanismes favorisant une meilleure gestion des terres et la réduction des conflits ;
⦁ L’organisation des sessions de renforcement des capacités des éleveurs de bovins et des agriculteurs sur les méthodes de gestion pacifique des conflits agropastoraux (Brachiaria; couloir de passage des bétails, puits, médiation, etc.)
⦁ La facilitation des rencontres de médiation entre les agriculteurs et les éleveurs en fonction des besoins ;
⦁ L’utilisation de l’outil théâtre comme moyen de sensibilisation en faveur de la paix ;
⦁ Le suivi et la capitalisation des activités réalisées.
6. Résultats attendus

⦁ Les élèves développent des compétences de vie courante pour faire face aux violences et deviennent des acteurs de promotion de la Paix en milieu scolaire et en communauté ;
⦁ Les enseignants sont capacités en techniques de promotion de la non-violence et s’engagent à encadrer leurs élèves ;
⦁ Les élèves des établissements scolaires partenaires du CIPCRE sont sensibilisés sur la lutte contre les drogues et stupéfiants ;
⦁ Les CIR et les dynamiques accompagnés par le CIPCRE jouissent d’une autonomie financière leur permettant de mener leurs activités de promotion du vivre ensemble ;
⦁ Un mémorandum sur la situation de la cohésion sociale au Cameroun est adopté et publié chaque année par les leaders religieux, politiques et traditionnels ;
⦁ Les éleveurs de bovins et les agriculteurs sont capacités sur les méthodes de gestion pacifique des conflits agropastoraux, vivent ensemble et s’entraident mutuellement.

7. Conditions de réussite
⦁ Une forte collaboration avec les autorités administratives, les leaders traditionnels et religieux.
⦁ L’implication des populations dans la mise en œuvre du projet et la valorisation des acquis par celles-ci.
⦁ La synergie réelle entre le PACOS et les autres programmes et cellules du CIPCRE notamment
⦁ l’accompagnement des victimes des violences par le PDHUPAC,
⦁ l’appui du PADHECOM pour l’autonomisation financière des CIR et Dynamiques, pour la valorisation des techniques favorisant la cohabitation pacifique (Couloirs de passage, Culture du brachiaria, création des points d’eau etc.)
⦁ L’Appui du 2CD pour la capitalisation et production des outils de communication qui valorise le travail effectué par le PACOS et les autres programmes.
8. Conditions de durabilité
⦁ La création des pools de compétence constitués de leaders d’élèves qui prennent continuellement des initiatives en vue de promouvoir la non-violence eu sein des établissements scolaires.
⦁ La valorisation des groupes déjà institués en milieu scolaire (Coopérative scolaire, gouvernement d’enfants, délégués de classe etc.) lors de la mise en œuvre des activités.
⦁ La collaboration avec les autorités étatiques, les leaders religieux et traditionnels pour faciliter l’adhésion des populations et la mise en application des décisions prises de commun accord.
⦁ Un suivi régulier des activités menées par les différents bénéficiaires.

9. Groupes Cibles
Les groupes cibles sont les bénéficiaires directs des actions qui seront menées au cours du PAT 2021-2023. Parmi eux, nous comptons des Agriculteurs, des Eleveurs, des Chefs Traditionnels, des Leaders religieux musulmans, protestants, catholiques, et de la religion traditionnelle, des membres des communautés de foi (Membres des Dynamiques protestantes et des Dynamiques Islamiques, Croyants musulmans, protestants, catholiques, des églises de réveil et des religions traditionnelles), des Elèves, des Enseignants, des Personnes relais, des Autorités administratives et des Organisations de la Société Civile.
III. DROITS HUMAINS ET PARTICIPATION CITOYENNE (PDHUPAC)
1. Contexte général et justification de la mise en place du Programme

Promotion des documents d’état civil (ici actes de mariage)

En 2015, UNICEF estimait que 13,42% de femmes étaient mises en mariage au Cameroun avant l’âge de 15 ans (30% pour les régions septentrionales) et que 20% d’adolescentes de 15-19 ans étaient mariées. Entre janvier 2015 et juin 2020, le CIPCRE a identifié 2 138 cas de violences sexuelles et discriminations sexistes envers les enfants, notamment les filles dans les 5 villages pilotes, les arrondissements de Yaoundé 2,5 et 6, Bafoussam1, 2 et 3, Foumbot, Koutaba, Foumban, Fundong et Bamenda 2. Pour ne rien arranger, l’impunité des auteurs de violations des droits de l’enfant est encore patente. Les cas qui sont portés auprès des instances judiciaires n’aboutissent pas toujours à des condamnations, ce qui amplifie les frustrations et le sentiment d’insécurité chez les victimes. Pour preuve, en 5 ans, seuls 56 cas sur 213 (soit 26,29 %) portés auprès de la justice ont donné lieu à des condamnations. C’est dire que dans les zones d’intervention du CIPCRE, de nombreux enfants ont besoin d’être protégés des graves violations de leurs droits.
Les actions menées par le CIPCRE ont permis de développer de bonnes pratiques et outils spécifiques de protection des enfants (code de bonne conduite, standards d’accompagnement des victimes, programme médiatique « Etre Parent Autrement », Comités de vigilance et personnes relais au sein des quartiers, coalition d’acteurs de protection de l’enfant, etc.) qui ont fait leurs preuves et qui méritent d’être redéployées et démultipliées dans les zones d’intervention où ces violences sont favorisées par les pratiques culturelles néfastes envers les filles et les femmes. Du fait que les interventions basées uniquement sur l’aspect légal ont montré leurs limites, il s’avère nécessaire de s’appuyer davantage sur les énergies protectrices dont regorgent les coutumes et les religions pour mieux protéger les enfants contre les violences à travers l’élaboration, l’adoption et l’application des normes coutumières favorables. Aussi, malgré les acquis en termes de prise en charge des enfants victimes, il n’y a pas encore une véritable coordination des acteurs impliqués. Par ailleurs, l’accompagnement offert est insuffisant et moins adapté aux besoins des victimes (négligence de l’aspect psychologique, non prise en compte des besoins nutritionnels, faible dispositif d’appui à l’autonomisation, etc.)
Malgré la ratification de nombreux traités internationaux sur l’égalité de genre et la mise en place d’un cadre réglementaire garantissant les droits fondamentaux, le Cameroun présente toujours un niveau élevé d’inégalité en défaveur des femmes, en raison de certaines coutumes traditionnelles. On note que seulement 86% des femmes ont accès à l’enseignement primaire contre 97% des hommes, tandis que 37% des femmes ont accès à l’enseignement secondaire contre 43% des hommes. Le taux d’alphabétisation des femmes est de 69% alors qu’il est de 81% pour les hommes (The Global Gender Gap Report 2015), mais il est particulièrement faible dans les zones rurales, Cette situation défavorable est à l’origine de multiples violences dont elles sont victimes notamment les rites de veuvage dégradants, l’exclusion de la propriété foncière, l’accès limité à l’emploi et au crédit, les sévices conjugaux, etc.
Les actions du CIPCRE en matière d’humanisation des rites de veuvage ont permis de restaurer les droits et la dignité des veuves lors de ces pratiques à travers la promotion des codes coutumiers des rites de veuvage. Entre janvier 2018 et juin 2020, 93% des veuves ayant pratiqué ces rites dans les villages pilotes témoignent que leurs droits ont été respectés grâce aux codes coutumiers. On note également qu’une telle démarche a permis de créer une conscience collective de la nécessité de promouvoir les droits humains dans les villages concernés surtout par les détenteurs d’enjeux clés (chefs, notables, officiantes, etc.). Malheureusement, même si la méthodologie du CIPCRE a montré son efficacité dans 15 villages, il n’en demeure pas moins que ce nombre est insignifiant par rapport au nombre élevé des villages que compte la région de l’Ouest. Il est donc nécessaire de déployer une stratégie de mise à l’échelle au niveau régional par la valorisation des expériences des communautés engagées dans une dynamique globale d’humanisation des rites de veuvage. Il est également utile, dans les nouvelles zones d’intervention, de promouvoir une éducation aux droits des femmes, notamment des veuves et d’accompagner ces dernières dans le processus d’amélioration de leurs conditions socioéconomiques.
Dans les zones du projet, la prégnance des normes socioculturelles néfastes ne favorise pas non plus la pleine participation de la femme et de l’enfant au développement de leurs communautés. En effet, dans un contexte marqué par la désaffection d’une grande partie de la population vis-à-vis de la politique, un déficit criard de la culture démocratique et la montée de la misère dans les couches défavorisées de la population, un certain fatalisme s’est installé, ôtant tout pouvoir de décision et de gestion à la femme et aux jeunes. Du coup, ces derniers se réfugient dans une attitude attentiste et se positionnent comme de simples observateurs de la scène publique pour qui et sans qui tout est décidé. Rien d’étonnant à ce que le taux de représentativité des femmes dans les instances de décision reste très faible : 08 femmes sur 63 ministres, 61 femmes sur 180 députés, 80 femmes sur 360 maires et 26 femmes sur 100 sénateurs. Les élus locaux et les autorités locales ne se sentent pas obligés de rendre compte de leur gestion aux administrés et par conséquent, les projets d’investissements publics, souvent mal gérés, ne prennent pas en compte les besoins spécifiques des femmes et des jeunes.
En milieu scolaire, le MINEDUB a instruit la mise en place de gouvernements d’enfants dans l’optique de promouvoir la culture de la démocratie, la gestion participative et le leadership personnel. Malgré cette décision louable, la grande majorité des établissements scolaires n’a pas institué ces espaces d’épanouissement des jeunes scolaires. L’une des conséquences de cette situation est la non prise en compte des préoccupations et/ou aspirations des enfants/jeunes dans les pratiques éducatives et la gestion des œuvres scolaires, voire l’explosion de la violence dans les établissements scolaires et surtout la difficulté de la maitriser.
Les actions du CIPCRE dans les établissements scolaires en faveur de la citoyenneté des élèves ont montré leur importance et doivent être transposées dans les communautés au profit des femmes et des jeunes en vue de soutenir un développement local intégral. Les secteurs sensibles comme la santé, l’éducation et l’emploi méritent une implication active de ces catégories de populations pour une gestion plus participative et optimale.
C’est dans ce contexte marqué par la persistance d’atteinte aux droits des femmes et des enfants et à leur faible participation citoyenne que le Programme Droits Humains et Participation Citoyenne (PDHUPAC) a été mis en place.
2. Objectifs
Les femmes, les jeunes et les enfants des zones d’intervention du CIPCRE, bénéficient d’un environnement communautaire protecteur de leurs droits et participent activement à la gestion des affaires de leurs localités.
3. Résultats attendus
⦁ Dans les zones du projet, au moins 1000 cas de violences envers les enfants sont dénoncés grâce aux initiatives citoyennes de ces derniers, des jeunes et des femmes, parmi lesquels 60% bénéficient d’une prise en charge adéquate
⦁ 40% des villages (20 sur 50) de 5 départements (Ndé, Mifi, Koung-khi, Hauts-plateaux, Bamboutos) de la région de l’Ouest s’approprient le code coutumier d’humanisation des rites de veuvage comme outil de protection des femmes contre les violences.

4. Principales Activités
⦁ Systématiser le processus d’humanisation des rites de veuvage par les codes coutumiers dans les 4 départements de la région de l’ouest ;
⦁  Renforcer le système communautaire de protection des enfants contre les violences ;
⦁  Promouvoir la participation citoyenne des enfants, des jeunes et des femmes pour une gouvernance locale plus inclusive ;
⦁ Promouvoir les droits économiques et sociaux des femmes par la sensibilisation et la mise en place des dispositifs endogènes y afférentes ;
⦁ Mobiliser la société civile pour un plaidoyer auprès des autorités locales et nationales en faveur des droits des groupes les plus vulnérables ;
⦁ Projet de promotion d’un environnement communautaire protecteur des enfants contre les violences sexuelles, culturelles et religieuses dans les régions de l’ouest et de l’Adamaoua (PECPEVI) ;
⦁  Renforcement du système de protection de l’enfant et promotion de compétences de vie courantes chez les jeunes et adolescents en milieu scolaire et extrascolaire de l’arrondissement de Yaoundé 2 (RESPEC – VIE 2) ;
⦁  Plaidoyer pour l’amélioration de l’accès aux services d’état civil ;
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5. Stratégies de mise en œuvre
⦁ Le faire-faire : formation, accompagnement et autonomisation des personnes relais et associations de veuves ; préférence du travail avec les leaders de groupe;
⦁ La responsabilisation des groupes cibles : amener les parents sur la base de l’approche droits humains, à s’approprier la protection de leurs enfants (prévention familiale des violences, participation à la prise en charge) ; amener les veuves et les enfants à s’auto protéger ;
⦁ La participation : planifier et réaliser les activités en impliquant les groupes cibles ;
⦁ La valorisation des acquis : implémenter les codes de bonne conduite dans les établissements, utiliser les documents existants (livrets, standards, etc.), diffusion des bonnes pratiques ;
⦁ La stratégie VP : utilisation des personnes relais et PF, synergie avec les autres programmes ;
⦁ L’approche genre : rechercher l’amélioration des rapports hommes/femmes dans les zones d’intervention ;
⦁ L’accompagnement des victimes.

6. Groupes Cibles
⦁ Communautés éducatives et de foi
⦁ Leaders religieux, traditionnels et associatifs
⦁ Autorités administratives, politiques et judiciaires
⦁ Responsables des services déconcentrés de l’Etat
⦁ Acteurs de la chaine de protection des enfants
⦁ Officiantes/veuves
⦁ Enfants victimes ou à risque des violences
⦁ Observateurs/trices Communaux Indépendants de suivi du Budget d’Investissement Public (OCIS-BIP)
⦁ Organisations de la société civile
⦁ Mediaş