Dans le cadre de la mise en œuvre du projet Promotion du Système de Riziculture Intensive au Cameroun (ProSRI-Cam), le CIPCRE a organisé, du 22 au 28 avril 2025, une série d’ateliers de formation théorique sur les méthodes du Système de Riziculture Intensive (SRI) dans quatre villages pilotes : Santchou, Bamendjo, Koutaba et Bangourain.
Au total, 60 producteurs/trices leaders dont 25 femmes, issu.e.s de ces localités, ont été sélectionné.e.s pour bénéficier de cet accompagnement. Ces producteurs/trices auront pour mission de diffuser, dans leurs communautés respectives, les techniques acquises durant cette formation, première étape d’un processus de transition vers une riziculture durable, efficiente et résiliente.
Un contexte rizicole en mutation
Le secteur rizicole camerounais est aujourd’hui confronté à de nombreux défis : faible productivité à l’hectare, dépendance accrue aux intrants chimiques, gestion peu durable de l’eau et des sols et vulnérabilité croissante face aux effets du changement climatique. Dans ce contexte, le SRI s’impose comme une alternative agroécologique prometteuse, capable d’améliorer les rendements tout en préservant les ressources naturelles.
Mis au point à Madagascar dans les années 1980, le SRI a déjà été expérimenté avec succès dans plus de 60 pays à travers le monde. Il repose sur des principes simples mais efficaces : repiquage précoce de plants jeunes, espacement optimal, gestion rigoureuse de l’eau, fertilisation organique, et réduction du labour intensif. Appliquées ensemble, ces techniques permettent une meilleure croissance végétative, une augmentation du tallage, une meilleure aération du sol, et in fine une amélioration significative des rendements, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
Un programme de formation rigoureusement conçu
La formation a été conçue de manière progressive et interactive pour permettre aux producteurs de bien comprendre les fondements du SRI et d’envisager son adoption dans leurs exploitations. Après un mot de bienvenue et une présentation du projet ProSRI-Cam, les participant.e.s ont été introduit.e.s à la situation actuelle de la riziculture au Cameroun, mettant en lumière les faiblesses du modèle conventionnel, mais aussi les opportunités qu’offre une transition agroécologique.
La première séquence a porté sur la présentation générale du SRI, son historique, ses fondements agronomiques et les résultats obtenus à l’échelle mondiale. Les producteurs ont découvert comment les principes du SRI favorisent une meilleure efficacité dans l’utilisation de l’eau, des semences et des ressources du sol.
La suite de la formation s’est intéressée aux aspects techniques de la mise en œuvre du SRI :
- la préparation du sol (labour léger, désherbage manuel, amélioration de la structure du sol),
- la sélection des semences (choix de variétés locales performantes, techniques de trempage et de séchage),
- la mise en place des germoirs pour produire des plants vigoureux à repiquer très jeunes,
- les techniques de repiquage (espacement de 25×25 cm, repiquage à un seul plant),
- la gestion optimisée de l’eau (arrosage intermittent ou à sec alterné),
- et enfin la fertilisation organique (compost, fumier, engrais verts) pour renforcer la santé des sols et la productivité durable.
Une attention particulière a également été accordée à l’impact du SRI sur l’environnement et la résilience climatique. En effet, le SRI permet non seulement de réduire les volumes d’eau utilisés (jusqu’à 50 % dans certains cas), mais aussi de limiter les émissions de méthane issues des rizières inondées en continu. Il contribue également à renforcer la biodiversité des sols et à améliorer la résistance des plantes au stress climatique.
Une forte mobilisation des producteurs/trices
Tout au long de la formation, les producteurs/trices ont manifesté un intérêt marqué pour les enseignements reçus, posant de nombreuses questions pratiques et partageant leurs expériences locales. La dernière session a permis aux participants d’élaborer une feuille de route collective en vue de la mise en place des premières parcelles pilotes SRI dans chacun des quatre villages ciblés.
Les participant.e.s ont également été encouragé.e.s à devenir les relais communautaires du projet ProSRI-Cam, en formant à leur tour d’autres riziculteurs de leurs localités et en contribuant activement à la diffusion des pratiques apprises.
Une étape décisive dans la diffusion du SRI au Cameroun
En organisant cette formation, le CIPCRE et ses partenaires posent les bases d’un modèle de diffusion du SRI ancré dans les réalités locales. À travers cette approche participative, le projet entend démontrer, par l’exemple, que des pratiques culturales plus durables sont possibles, rentables et accessibles à tous/toutes les producteurs/trices.
Les prochaines étapes du projet consisteront à :
- suivre la mise en œuvre des parcelles de démonstration,
- renforcer l’accompagnement technique sur le terrain,
- et évaluer les performances des pratiques adoptées en termes de rendement, de résilience climatique et de qualité des productions.
Ce projet s’inscrit pleinement dans la vision agroécologique du CIPCRE : promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement, équitable et capable de nourrir durablement les communautés rurales.