Programmes

Paix et Cohésion Sociale (PACOS)

Atelier de renforcement des capacités des membres des réseaux communautaires de protection de l’enfant (RECOPE) de la commune de Melong sur les mécanismes communautaires de détections précoces et de référencement des enfants à risque ou victimes de violence

1- Contexte général et justification de la mise en place du Programme

 Les zones d’interventions du CIPCRE présentent une multiplicité de facteurs pouvant constituer des sources de conflits ou de menaces à la paix et à la cohésion sociale aussi bien en milieu scolaire qu’en communauté. Ces facteurs comprennent la fracture entre les jeunes générations et les adultes, la consommation d’alcool, de drogues et stupéfiants en milieu scolaire et en communauté, la prolifération des courants religieux (chrétiens catholiques et protestants, musulmans, adeptes des religions africaines et des églises dites réveillées, etc.), le radicalisme religieux, la cohabitation difficile entre les agriculteurs et les éleveurs des bovins et la crise sécuritaire dans le NOSO.
L’incompréhension entre les jeunes et les adultes est de plus en plus marquée au Cameroun. Les adultes mettent en place des stratégies dans le but de maintenir une société qui leur profite notamment maintenir à tout prix leur pouvoir de domination, ne pas donner la possibilité aux jeunes de s’exprimer etc… Les jeunes remettent en question les valeurs admises par les adultes, qu’ils considèrent comme conservatrices et qui limitent leurs capacités à mettre en valeur leur potentiel pour mieux réussir sur le plan personnel et sociétal. Cette incompréhension devenue réciproque conduit à un rejet mutuel et par conséquent à des conflits.

La violence en milieu scolaire est aggravée par la consommation des drogues, alcools et stupéfiants. En effet, de nombreux malfaiteurs utilisent les réseaux sociaux ou encore sillonnent les alentours des établissements scolaires dans l’optique de vendre de la drogue aux élèves ou de faire de certains élèves des agents commerciaux de ces produits. Avec la prolifération des points de vente de boissons alcoolisées aux alentours des établissements scolaires, les élèves y  accèdent facilement. Ce comportement induit des conséquences aussi graves que les déperditions scolaires, les grossesses précoces, les agressions entre les élèves, les agressions envers les parents et les enseignants. Face à ce constat, les ministères en charge de l’enseignement au Cameroun ont, au sortir d’un colloque organisé en décembre 2022, prescrit des recommandations assorties d’un plan d’action et d’un calendrier d’exécution y relatif pour l’implémentation afin de juguler le problème. Parmi ces recommandations il y a : l’installation de la  vidéo surveillance dans tous les établissements scolaires, la systématisation des fouilles inopinées, la sécurisation des enceintes par la construction des clôtures, la décongestion des établissements  à gros effectifs, le renforcement de la collaboration entre établissements scolaires et services déconcentrés du ministère de la promotion de la femme et de la famille afin que les actions soient également prises dans les familles des élèves concernées par la violence et l’élaboration d’un code éthique au niveau du système éducatif dans l’enseignement secondaire.
Du côté des éleveurs de bovins et des agriculteurs dans notre zone d’intervention, la cohabitation n’est pas facile. L’accès à la terre pour l’élevage et l’agriculture fait l’objet d’une forte compétition entre ces groupes socioprofessionnels. La densité élevée de population (300 à 400 hbts/km2) rend la compétition pour cette ressource encore plus féroce. L’expansion des zones de pâturage par les éleveurs rend difficile la cohabitation avec les agriculteurs. En effet, du fait de la proximité des exploitations agricoles et de l’étroitesse des pâturages, les cultures sont souvent détruites par les bœufs. Ce phénomène est davantage accentué pendant la période de transhumance dans la mesure où les pistes empruntées par les animaux sillonnent les plantations des cultures vivrières. C’est ainsi que dans les villages naissent souvent des tensions, des querelles et même des conflits entre agriculteurs et éleveurs.

 Enfin, et comme pour davantage compliquer la cartographie des conflits, le problème « anglophone » continue d’agiter le paysage socio-politique du Cameroun. A la faveur des revendications corporatistes datant de 2016, portées en particulier par des enseignants et des avocats, ce problème s’est lentement transformé en revendications politiques visant le retour au fédéralisme et ensuite en un mouvement sécessionniste violent.  Le bilan de la crise fait état de nombreuses pertes en vies humaines dont des centaines de membres des forces de l’ordre, de nombreuses victimes au sein des populations civiles et dans les rangs des sécessionnistes.

 Avec des conséquences inimaginables dont : les migrations internes des populations qui ont entrainé des répercussions sur la cohésion sociale au niveau individuel, économique, socio culturel et socio politique. Ces personnes déplacées internes (PDI) subissent divers types de violences dues aux crises ou instabilités. Nous notons des violences physiques par des voies de faits ou de séquestrations, les violences sexuelles et psychologiques qui ont trait aux menaces et intimidations, l’exploitation financière, notamment les fraudes et extorsions. Nous avons aussi la négligence qui consiste en l’omission  de fournir des choses nécessaires à l’existence des victimes, ce qui peut causer de graves dommages. Fin janvier 2024, les PDI sont estimées à 1.075.252 au Cameroun (Source Cameroon statistics).

2- Vision du programme

 Le PACOS rêve d’un Cameroun au sein duquel :
⦁ Toutes les confessions religieuses s’unissent pour promouvoir la Paix et favoriser le vivre ensemble ;
⦁ Toutes les communautés aussi minoritaires qu’elles soient, se sentent acceptées et vivent en parfaite harmonie avec les autres sur un même territoire.
⦁ Chaque membre de la communauté joue pleinement le rôle qui lui est dédié dans le souci de promouvoir la paix et d’éradiquer la violence en milieu scolaire.

3- Objectif général

Au vu des problèmes ci-dessus décrits, le CIPCRE à travers le PACOS s’est engagé dans le cadre du Plan d’Action Triennal 2024-2026, à accompagner les différentes catégories sociales au sein des communautés  à interagir de façon non violente pour préserver la cohésion et la paix sociale

4- Activités

Les principales activités du Programme sont les suivantes :

⦁ Renforcer le vivre ensemble au sein des communautés par l’éducation des jeunes à la tolérance politico-ethnique et à la valorisation des diversités culturelles, ethniques et religieuses;
⦁ Promouvoir la cohésion sociale au sein des communautés par la gestion pacifique des conflits fonciers et agropastoraux

⦁ Promouvoir de la non-violence et la lutte contre le trafic et consommation des drogues en milieu scolaire

5- Stratégies de mise en œuvre

 La mise en œuvre des activités répond à une démarche intégrant à la fois les exigences de la stratégie Villages pilotes et la stratégie de mise en œuvre du MIRPAD. Elle comprend les points suivants :

 Pour la promotion de la paix 

  • La mise sur pied d’un groupe de jeunes leaders ambassadeurs de la paix sur la lutte contre les propos haineux,
  • L’accompagnement des ambassadeurs de paix pour l’organisation des campagnes de sensibilisations sur la lutte contre les propos haineux
  • La mise sur pied des dynamiques « justice, paix et sauvegarde de la création » (JPSC) de l’EEC
  • L’accompagnement des régions synodales pilotes de l’EEC pour l’enracinement paroissial des bonnes pratiques en faveur de la cohésion sociale.

 Pour la promotion de la non-violence en milieu scolaire 
⦁ mise sur pied des leaders élèves et enseignants
⦁ L’organisation des sessions de formation au profit des leaders élèves sur les stratégies de luttes contre le trafic et la consommation des drogues et stupéfiants en milieux scolaires.

⦁  L’organisation des sessions de formation au profit des enseignants sur les stratégies de lutte contre le trafic et la consommation des drogues et stupéfiants en milieux scolaires ;

⦁ Le renforcement des capacités des enseignants sur l’utilisation de la discipline positive comme mode de sanction en milieu scolaire
⦁ Le soutien des initiatives des leaders élèves et enseignants pour la promotion de la non-violence et la lutte contre le trafic et consommation des drogues en milieux scolaires.

⦁ La facilitation de la prise en charge médicale et psychologique des jeunes en proie aux addictions et drogue

⦁ L’utilisation de l’outil théâtre comme moyen de sensibilisation et de dénonciation.

 Par rapport au renforcement de la cohésion sociale au sein des communautés
⦁ Le lobbying auprès des leaders religieux (pasteurs, catéchistes, évangélistes, prêtres, imams, évêques, chefs traditionnels, responsables des mouvements de jeunes et de femmes dans les paroisses) tant aux niveaux local, régional que national, le personnel des services déconcentrés de l’Etat en vue d’obtenir leur adhésion, leur implication et leur soutien pour la mise en œuvre des actions du Mouvement Interreligieux pour la Paix et le Développement Holistique (MIRPAD). Une telle démarche se fera également auprès des autres détenteurs d’enjeux que sont les autorités administratives (sous-préfets, préfets et gouverneurs), les forces de sécurité, les médias et les coordinateurs de réseaux et des Organisations de la société civile œuvrant dans le même domaine.
⦁ Le renforcement des capacités des membres des comités locaux de médiation (CLM) sur les méthodes de préventions et gestions pacifiques des conflits.
⦁ L’organisation des campagnes du MIRPADH.
⦁ L’utilisation de l’outil théâtre comme moyen de sensibilisation en faveur de la paix pour ce qui est de la promotion de la gestion pacifique des conflits agropastoraux au sein des communautés,
⦁ La facilitation des rencontres de médiation entre les agriculteurs et les éleveurs en fonction des besoins ;

⦁ Le soutien aux initiatives des éleveurs et agriculteurs leur permettant de réduire les conflits, ceci à travers  la création des couloirs de passage du bétail, des points d’eau, le bracharia, etc.

⦁ L’utilisation de l’outil théâtre comme moyen de sensibilisation en faveur de la paix ;
⦁ Le suivi et la capitalisation des activités réalisées.

6- Résultats attendus

⦁ Les élèves sont capacités sur les stratégies de lutte contre le trafic et la consommation des drogues et stupéfiants en milieux scolaires

⦁ Les enseignants sont capacités sur les stratégies de lutte contre le trafic et la consommation des drogues et stupéfiants en milieux scolaires

⦁  Les enseignants sont capacités sur l’utilisation de la discipline positive comme mode de sanctions en milieux scolaire 
⦁ Les élèves des établissements scolaires partenaires du CIPCRE sont sensibilisés sur la lutte contre les drogues et stupéfiants 
⦁ Les membres des CLM sont capacités sur les méthodes de prévention et de gestion pacifique des conflits

⦁ Les jeunes leaders ambassadeurs de la paix sont capacités sur la lutte contre les propos haineux.

⦁ Les mémorandums en faveur des campagnes du MIRPADH sont disponibles

7- Conditions de réussite

⦁ Une forte collaboration avec les autorités administratives, les leaders traditionnels et religieux.
⦁ L’implication des populations dans la mise en œuvre du projet et la valorisation des acquis par celles-ci.
⦁ La synergie réelle entre le PACOS et les autres programmes et cellules du CIPCRE notamment l’accompagnement des victimes des violences par le PDHUPAC,
⦁ L’appui du PADHECOM pour la valorisation des techniques favorisant la cohabitation pacifique (Couloirs de passage, Culture du brachiaria, création des points d’eau etc.)
⦁ L’Appui du DCC pour la capitalisation et production des outils de communication qui valorisent le travail effectué par le PACOS et les autres programmes.

8- Conditions de durabilité

⦁ La création des groupes constitués de leaders d’élèves et enseignants qui prennent continuellement des initiatives en vue de promouvoir la non-violence au sein des établissements scolaires.

⦁ L’existence des comités locaux qui initient les campagnes de sensibilisation en vue de réduire le taux élevé de conflits agro-pastoraux

⦁ La création des groupes constitués avec pour objectif la promotion de la paix et de la cohésion sociale.
⦁ La valorisation des groupes déjà institués en milieu scolaire (Coopérative scolaire, gouvernement d’enfants, délégués de classe etc.) lors de la mise en œuvre des activités.
⦁ La collaboration avec les autorités étatiques, les leaders religieux et traditionnels pour faciliter l’adhésion des populations et la mise en application des décisions prises de commun accord.
⦁ Un suivi régulier des activités menées par les différents bénéficiaires.

9- Groupes Cibles

      Les groupes cibles sont les bénéficiaires directs des actions qui seront menées au cours du PAT 2024-2026. Parmi eux, nous comptons des Agriculteurs, des Eleveurs, des Chefs Traditionnels, des Leaders religieux musulmans, protestants, catholiques, et de la religion traditionnelle, des membres des communautés de foi (les Membres des Dynamiques protestantes), des Elèves, des Enseignants, les jeunes leaders ambassadeurs de paix, les membres des comités locaux de médiation (CLN), des Autorités administratives et des Organisations de la Société Civile.

 

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