Dans le cadre de la réhabilitation de la section Babadjou-Bamenda, le Ministère des Travaux Publics, Maître d’ouvrage, a contractualisé avec l’ONG CIPCRE pour assurer : la mise en œuvre du Mécanisme de Gestion des Plaintes (MGP) ; la conduite des campagnes de sensibilisation et de communication sociale et la prévention et atténuation des Violences Basées sur le Genre (VBG)

Le Gouvernement Camerounais, avec l’appui de la Banque Mondiale à travers le Projet de Développement du secteur du Transport (PDST) a entrepris de réhabiliter la Route Nationale N°6, section Babadjou-Bamenda. Les travaux sur cette section de 52 km qui relie deux régions à savoir l’Ouest et le Nord-Ouest ayant démarré depuis 2017 restent problématiques suite aux nombreux incidents enregistrés. Au préalable confiés à l’entreprise française SOGEA-SATOM, les travaux après le démarrage ont connu plusieurs arrêts liés à la crise anglophone qui a occasionnée de nombreux dégâts aussi bien matériels (Destruction des engins lourds de construction) qu’humains (Enlèvement et meurtre) chez cette entreprise. Faisant face à toutes ces difficultés, cette dernière a décidé d’arrêter unilatéralement le contrat.

Depuis Janvier 2022, une nouvelle entreprise « BUNS » ayant obtenu le contrat pour les travaux sur la section Babadjou-Matazem est entrain de procéder au démarrage des travaux, ce qui donne un soupçon de bonheur aux populations de la dite section qui sont restées longtemps en difficulté pendant la période d’arrêt de ces travaux.

Comme tout projet d’infrastructure d’envergure, la reprise des travaux de réhabilitation de cette section dans le cadre du PDST pourrait générer des impacts négatifs aussi bien sur les populations riveraines que sur les parties prenantes engagées dans le cadre de ces travaux. En effet, la mise en œuvre de ce projet implique la présence de plusieurs nouveaux acteurs dans les villages riverains du projet. Il peut arriver que des situations conflictuelles naissent soit par manque d’information, soit du fait d’une perception erronée ou encore à la suite de dommages réels causés lors de l’exécution des travaux. Il est donc important de mettre en place un mécanisme de gestion des plaintes pour le règlement des différents conflits pouvant naître au cours de l’exécution des travaux routiers, d’apporter des réponses efficaces et adaptées en vue de réduire les impacts négatifs du projet sur les riverains.

C’est dans cette optique que le Ministère des Travaux Publics, Maître d’ouvrage, a contractualisé l’ONG CIPCRE  en Avril 2021 pour assurer : la mise en œuvre du Mécanisme de Gestion des Plaintes (MGP),  la conduite des campagnes de sensibilisation et de communication sociale et la prévention et atténuation des Violences Basées sur le Genre (VBG).

Les groupes cibles concernées comprennent les populations situées dans l’emprise du projet notamment les personnes se trouvant dans l’emprise de la route, les autorités locales, les FMO, le personnel en charge des travaux routiers, le personnel de la Mission De Contrôle (MDC). Il s’agit particulièrement de :

  • 300 leaders femmes et filles ;
  • 500 leaders jeunes et élèves ;
  • Au moins 200 femmes et enfants à risque et victimes de VBG ;
  • 150 leaders religieux, traditionnels et associatifs ;
  • 30 comités de vigilance ;
  • 120 responsables des services techniques déconcentrés et décentralisés de la zone de projet.
  • Le personnel mobilisé dans le cadre des travaux, le personnel de la MDC, Structure en charge des travaux, les FMO…)

A ce jour et malgré des difficultés liées à la situation sécuritaire, le CIPCRE a mis en œuvre :

  • Un plan de communication incluant la stratégie de communication, les activités à mettre en œuvre pour favoriser la communication sur le MGP et sur les VBG et les ressources à mobiliser pour rendre ce plan effectif a été réalisé et mis à la disposition du maître d’ouvrage.
  • Un ensemble d’activités tel que prévu par le plan de communication. Il s’agit notamment d’une dizaine de sensibilisations de masse sur les VBG au profit des femmes et des jeunes filles, de 7 journées d’informations des populations sur le projet, d’une quarantaine de causeries éducatives, des communications à travers les médias (Radio Bafung) sur les différentes thématiques importantes dans le cadre du projet.
  • Une formation au profit 32 leaders religieux et traditionnels dont 5 femmes à Babadjou sur les stratégies de renforcement de la cohésion sociale entre les populations et les intervenants dans le cadre du projet. Ces leaders ont renforcé leurs capacités également sur les VBG et le MPG.

Les premiers effets induits font état de ce que :

  • Les focus groups, causeries éducatives et les sensibilisations de masse ont permis aux populations de la zone de projet de connaitre le MPG, de mieux prévenir les VBG et de mieux orienter les victimes de VBG vers les services appropriés.
  • Les chefs de communautés se sont engagés à se charger de l’enregistrement des plaintes liées aux travaux routiers. A ce jour on dénombre 72 plaintes déjà enregistrées au sein des chefferies et par les points focaux du CIPCRE. La gestion de ces cas est en cours.
  • Les chefs de communautés facilitent régulièrement les sensibilisations à l’endroit des populations aussi bien dans la mobilisation que dans l’appui logistique.
  • Les femmes leaders formées orientent régulièrement les victimes de VBG dans les services appropriés de prise en charge grâce au circuit de référencement mis à leur disposition.

Il est à espérer que les travaux ayant démarré, se poursuivent sans embuche jusqu’à la fin pour alléger les souffrances des populations riveraines qui, en saison des pluies comme en saison sèche font face à des adversités multiformes et qui, du fait de la réhabilitation de la route, ont des griefs qui doivent être adressés.