Ainsi que le recommande l’Objectif de Développement Durable (ODD) n°12 consacré à la consommation et à la production durables, le monde entier est désormais interpellé sur la nécessité de se tourner vers des modes de vie respectueux de l’environnement et de la santé humaine. C’est dans cette optique que l’ONG CIPCRE s’est engagée à poursuivre la sensibilisation dans ses zones d’intervention sur l’adoption des pratiques agricoles durables. A cet effet, courant les journées du 21 au 22 juillet et du 28 au 29 juillet 2021, des sessions de formation ont été organisées respectivement dans les villages Baham et Bamendjo dans la région de l’Ouest Cameroun, sur les techniques et pratiques de l’agriculture biologique au profit de leurs producteurs.

 

Installation d’une compostière de type familial avec les producteurs de Bamendjo / Une productrice de Baham participant à la démonstration de la fabrication de l’EM « indien »

Il ne fait plus aucun doute aujourd’hui que l’agriculture conventionnelle avec sa cohorte d’intrants agrochimiques et de synthèse a fait  plus de mal que de bien aux populations. D’ailleurs, la majorité des paysans présents à ces différentes rencontres n’ont pas hésité à décrire les maux qui les accablent à l’issue de l’utilisation des produits de synthèse bien connus à l’instar du NPK (20.10.10), du glyphosate (casse-tout) ou du mancozène et bien d’autres. Alors que certains évoquent des signes intermittents de fatigue et de crampe, d’autres se plaignent du mal des yeux et du mal de poitrine. Ces derniers crient aux sensations d’étouffement et de perte de souffle. Sans toutefois prétendre confirmer ces multiples symptômes par des analyses de laboratoire médical, les témoignages se sont avérés profonds et le mal semble réel.

L’engouement des différent-e-s participant-e-s à la formation a démontré à suffisance leur prise de conscience. Toutes/tous reconnaissent l’urgence de se débarrasser des intrants de synthèse et la nécessité d’adopter les approches agroécologiques et biologiques. Cependant, la question de la disponibilité des intrants biologiques est une lacune transversale à résorber pour la quasi-totalité des producteurs désirant s’y convertir.       

A cet effet, le contenu des formations a voulu apporter un package de réponses appropriées, portant notamment sur la vulgarisation des types de semences recommandées en agriculture biologique, des bio-fertilisants tels le compost, l’engrais foliaire ou le purin de cendre, des bio-protecteurs et bio-fertilisants à l’instar du « EM[1] indien » et des techniques et pratiques agricoles durables à l’exemple de l’assolement, de la rotation des cultures et de l’agroforesterie.

 

Fiche technique de production de l’engrais foliaire / Schéma des pratiques agricoles durables promues

Les phases d’expérimentation pratiques ont donné lieu à de riches moments d’échange et de partage entre les producteurs sur les nombreux savoirs paysans à valoriser. Cela a permis aux participants de s’approprier les différents protocoles de fabrication des bio-fertilisants et bio-protecteurs développés lors des séances théoriques.

C’est ainsi qu’avec la participation active des producteurs, les pratiques suivantes ont été développées :

– Une compostière de type familial enrichie aux déjections animales installée dans chacun des deux villages,

– Le EM  indien qui joue  le rôle de bio-protecteur et de bio-fertilisant,

– Le compost liquide ou purin, réputé être un excellent engrais foliaire, ou encore

– Le purin de cendre qui joue un triple rôle de fertilisant, d’insecticide et d’herbicide naturel.

Deux productrices actives dans le tournage des composantes du EM indien.

C’est dans une ambiance bon enfant, riche en couleurs et en curiosités que se sont tenues les premières sessions de formation théorique et pratique sur l’agriculture biologique au profit des producteurs (agriculteurs et éleveurs) des villages Baham et Bamendjo de la région de l’Ouest Cameroun. Il aura fallu quatre jours pleins d’émotions pour satisfaire les attentes des 110 producteurs dont 60 femmes et 15 jeunes, réuni-e-s dans les salles de l’œuvre sociale « CONCERTATION » à Baham et de la paroisse de l’Eglise Evangélique du Cameroun (EEC) à Bamendjo. Toutes/tous se sont montré-e-s fortement motivé-e-s à s’investir dans la nouvelle tendance agricole. Plus qu’une simple passion, « Faire dans le BIO » est devenu une profession de foi pour ces soldats de la terre, déterminés à rompre avec les mauvaises pratiques auxquelles ils se sont longtemps habitués au péril de leur vie et de celle des consommateurs et de l’environnement.

Il faut relever que ces deux sessions rentrent dans une série de formation que le CIPCRE  entend dispenser dans les 5 villages pilotes de la région de l’Ouest, l’une de ses zones d’intervention.

 

 [1] EM : Effective Microorganism