Les agriculteurs et les éleveurs de Mbeve au-delà de l’importance économique et écologique de la technique du Night paddock manuring farming system (NPMFS), témoignent des bienfaits de la cohabitation et de la contribution de cette technique à l’amélioration de leur relation au quotidien.


    Ils étaient au nombre de 24, les agriculteurs et éleveurs parmi lesquels 3 femmes de la localité de Mbévé ce 24 avril 2017 qui ont bien voulu échanger leurs expériences personnelles vécues, les acquis de la cohabitation entre eux et au niveau de la communauté. Si la technique du NPMFS présente un intérêt économique et écologique certain et incontestable pour l’agriculteur, l’éleveur et la société, du fait de la rentabilité, de l’amélioration des propriétés et de la fertilité du sol qu’elle procure, elle présente également un intérêt social non négligeable comme il a été relevé par les agriculteurs et éleveurs au cours de la rencontre d’échanges organisée à leur profit par le CIPCRE.
Mais avant,il est bon de préciser qu’avant le démarrage des activités de NPFMS dans cette localité, les relations entre agriculteurs et éleveurs n’ont pas toujours été au beau fixe. En effet, les éleveurs n’ayant pas d’espaces fixes pour le parcage des bœufs, empruntent souvent les voies des champs pour conduire les animaux vers les pâturages.Pendant ce processus, les cultures dans les champs sont détruites, certaines des personnes qui ne pratiquent pas la technique sont mécontentes de voir les éleveurs dans le village qui laissent les bœufs détruire de façon abusive leurs plantations. Et cela a souvent entrainé de violentes confrontations rendant difficile la cohabitation entre agriculteurs et éleveurs. Certains agriculteurs ont même pulvérisé des insecticides sur les herbes entrainant les décès des bœufs.  Au-delà des avantages de cette technique sur le plan économique, écologique et la gestion des conflits qui en ont découlé, qu’est-ce que le night paddock a apporté en plus à ces agriculteurs ?Flashback sur les témoignages recueillis auprès de ces derniers.

EXPÉRIENCES PERSONNELLES VÉCUES et ACQUIS DE LA COHABITATION

Organisés en 3 groupes mixtes (agriculteurs et éleveurs), les  participants ont pris la parole pour partager leurs expériences sur leur cohabitation.Les résultats des expériences vécues du fait de la cohabitation se résument pour l’ensemble à la solidarité, la fraternité, l’enrichissement mutuel, la pratique de l’activité de l’autre, la valorisation et le respect du travail de l’autre, la confiance mutuelle renforcée,et plus de paix entre eux.
    Plus concrètement les agriculteurs et éleveurs rapportent qu’au niveau du village, on observe :
–    Plus d’harmonie, de paix, d’arrangements à l’amiable et plus d’entente entre les voisins ;les liens sont renforcés dans d’autres domaines de la vie ; les voisins apprécient et viennent se faire former pour mettre en pratique cette technique.
–    Une forte communion entre agriculteurs et éleveurs (ils se concertent en langue locale et cherchent tous à se comprendre)
–    Les rapports entre agriculteurs et éleveurs sont meilleurs comparés à d’autres villages car ailleurs il est impossible que ces deux groupes se retrouvent dans une salle.
–    L’effet de la cohabitation fait que les éleveurs accentuent la surveillance. En effet, ils sont plus concentrés pour sécuriser les cultures quand ils sont avec les bœufs qui mangent librement les herbes sauvages sans être chassés par les agriculteurs.
–   Animation des travaux de groupe L’adhésion au NPMFS nous amène à être plus compréhensifs et tolérants. Lorsque les bœufs détruisent incidemment un champ, la manière de gérer cette situation se fait de façon plus pacifique contrairement à celui qui ne pratique pas la technique.
–    Ayant compris qu’ils ont des intérêts communs  préserver, il y a de plus en plus des échanges d’idées entre ces deux groupes et moins de conflits mal gérés.
–    Ils ont témoigné : « Je forme d’autres personnes… je dois de l’argent à un éleveur et il me fait confiance »

ACTIONS FUTURES

La réflexion a été axée sur les pistes de solution et des propositions d’améliorations face aux difficultés et défis qui perdurent dans la cadre de leur collaboration. Les actions futures consistent dès lors à :
–    Organiser  davantage des sensibilisations sur la technique dans le village ;
–    Identifier des mesures de prévention et de prise en charge pour les cas de vol de bœufs et de décès d’animaux survenus lors du parcage, des destructions du champ d’un voisin par un bœuf ;
–    Développer la culture de brachiaria tant chez les agriculteurs que chez les éleveurs car cela permet à l’agriculteur d’entretenir normalement les bœufs pendant le parcage, et en faire large diffusion dans le village. La consommation du brachiaria limite également les déplacements des bœufs et donc les problèmes.
–    Inviter de nouvelles personnes aux rencontres avec le CIPCRE  sur la sensibilisation sur la technique du parcage  et les dangers de la pulvérisation des  herbes avec les herbicides chimiques pour les animaux ;
–    Continuer à sensibiliser la population car beaucoup sont réticents parce qu’ignorent l’importance de cette technique ;
–    Promouvoir la vente des fientes par ceux qui font le parcage nocturne des bœufs.
Cette rencontre aura donc permis de susciter la prise de conscience auprès de ces agriculteurs et éleveurs sur la valeur et l’impact de la cohabitation pacifique. En pratiquant le NPMFS,  les animaux sont bien entretenus, la fertilité des sols est améliorée mais aussi les relations entre éleveurs et agriculteurs. Ils comprennent que la valorisation du travail de l’autre est une opportunité pour leur propre travail. C’est pourquoi ils ont pris l’engagement de se mettre ensemble en choisissant un jour férié du village pour organiser des rencontres similaires en l’absence du CIPCRE.